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Il n’était pas permis, alors, de voter par bulletins imprimés ou faits d’avance. Il fallait écrire soi-même son vote, en séance, ou le faire écrire par un électeur de son choix, à l’abri d’un immense carton, sur un bulletin remis par le Président du Bureau. Cela rendait les opérations interminables, bien qu’aucun collège ne pût comprendre plus de 600 électeurs.

Lorsque le scrutin fut clos, le résultat de mes appréciations me fit demander à ces Messieurs, très courtois l’un envers l’autre : — Le Diable n’y perdait rien ! — « Quel est le plus âgé de vous ? » — Tous deux frissonnèrent. M. Duthil était l’aîné.

Un moment après, on nous informa qu’au dépouillement des votes, apparaissaient quelques rares bulletins blancs, et je dis à M. Barsalou : « Vous voilà nommé ! »

C’étaient, en effet, des bulletins d’électeurs qui, résolus à ne pas donner leurs voix à « l’Agenais », n’avaient pu se décider à les reporter sur M. Duthil, au moment suprême.

M. Barsalou, grâce à ce concours indirect, l’emporta sur son concurrent, qui l’eût battu, sans cela, de quelques voix.

Le soir même, en annonçant le résultat de l’élection au Ministre de l’Intérieur, je le priai de me retirer de l’arrondissement de Nérac.