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référé de Paris, en se faisant assister, au besoin, par la Force Publique.

J’avais eu soin d’envoyer prévenir le Lieutenant de Gendarmerie, et, dès notre retour à la Sous-Préfecture, nous le trouvâmes prêt à partir avec une brigade.

L’expédition se mit en mouvement sans retard, et bon train, grâce à la calèche de poste, attelée de chevaux frais.

Bientôt, Mme George Sand, ne pouvant plus contenir son impatiente agitation, me demanda de faire préparer ma voiture, pour qu’elle pût aller recevoir sa fille, dès que l’huissier, porteur de pièces, accompagné par son conseil, en aurait, avec ou sans l’aide de son escorte, obtenu la remise. Je pris le parti de la suivre, afin de prévenir les complications auxquelles son intervention pourrait donner lieu.

En route, elle me dit le but probable de l’acte de son mari : ce devait être de la contraindre à maintenir la pension alimentaire qu’elle lui servait depuis leur séparation, et qu’elle se refusait à continuer désormais, en se basant sur la fortune considérable dont il avait hérité de son père.

Au moment où nous arrivâmes devant la grille de Guillery : l’huissier achevait d’accomplir son mandat. Il en était temps ; car on avait fait demander des chevaux au maître de poste de Pompiey, qui s’apprêtait à les envoyer au château, quand un gendarme vint le lui défendre.

Mme George Sand, descendue de voiture, voulait courir au-devant de Solange, qu’elle voyait au fond de l’avenue, entre son père et l’huissier, se dirigeant vers la route. Je l’en empêchai. Séparée de corps, elle ne