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la sollicitude inquiète et le zèle inconsidéré m’entouraient, que je sentis la nécessité d’y couper court : non, par un changement de résidence ; car, il aurait interrompu mes entreprises avant leur achèvement complet et compromis les droits à l’avancement que je comptais y fonder ; mais par la recherche, ailleurs, d’une compagne me convenant mieux, sous tous les rapports, que les jeunes filles, très bien à beaucoup d’égards, dont on m’avait fait passer la revue, bon gré, mal gré.

GEORGE SAND À NÉRAC.

Avant de dire ce qui s’ensuivit, je dois raconter un assez curieux épisode survenu pendant les derniers temps de mon existence de garçon.

J’avais été présenté jadis, par M. le marquis de Lusignan, à Mme la baronne Dudevant, veuve d’un colonel du premier Empire, beau-père de la femme de lettres, justement illustre, qui, sous le pseudonyme de George Sand, publia tant d’écrits universellement admirés.

La baronne Dudevant, issue d’une noble et riche famille de l’Anjou, vivait seule, avec une dame de compagnie, très mûre, comme elle, au château et sur le domaine de Guillery, — sis commune de Pompiey, au delà de Barbaste, à la bordure de la zone, couverte de chênes-lièges, où commencent les Petites Landes, — dont elle jouissait par testament du défunt colonel. Jusqu’au décès de cette respectable et très aimable douairière, je m’arrêtais chez elle d’habitude, soit à l’aller soit au retour de Houeillès ou de Casteljaloux, dont les routes se bifurquaient justement devant son château.

J’y dînais, d’ailleurs, presque toutes les semaines.