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rale. Quand le ministère de Villèle expulsa MM. Guizot, Villemain et Cousin de leurs chaires à la Sorbonne, M. Artaud, destitué de la sienne, comme son collègue du Collège Charlemagne : M. Dubois (de la Loire-Inférieure), devint le collaborateur de ce dernier, au Globe. Après 1830, M. Guizot le fit nommer Inspecteur de l’Académie de Paris ; puis, Inspecteur Général des Études. Sous l’Empire, il fut Vice-Recteur de l’Académie de Paris, membre du Conseil Municipal, Commandeur de la Légion d’Honneur, et mourut en 1861.

C’était un savant helléniste et un écrivain distingué.

Replongé dans ma solitude, je devins plus que jamais l’objet de l’intérêt général. C’était à qui me marierait. Tous les pasteurs du département s’en occupaient avec une ardeur spontanée, parfois embarrassante. Je n’allais nulle part sans me trouver, comme par hasard, en face de riches héritières, de bonnes familles protestantes, qu’on me faisait rencontrer, à leur insu, je pense, comme au mien. On me proposait, d’un autre côté, de beaux partis catholiques : or, je ne pouvais, dans ma position, accepter même l’idée d’un mariage mixte. Au fond, je n’étais pas du tout pressé de prendre femme. Je pensais qu’auparavant, il serait à propos de clore mon stage administratif, comme Sous-Préfet, et d’obtenir n’importe quelle Préfecture, où je pusse offrir, à mon épousée, une installation plus confortable que celle dont mon vieux couvent de Doctrinaires, à Nérac, était susceptible. D’ailleurs, je n’avais pas trente ans, à beaucoup près.

Mais j’avais beau croire juste ma façon de voir à ce sujet ; peu à peu, je me trouvai si gêné par l’insistance affectueuse et non moins indiscrète de tous ceux dont