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de leurs progénitures, et combien les papas eussent été gênés pour me causer quelque ennui !

Je ne parle pas de toutes les conférences intéressantes des grand’mamans avec ma vieille ménagère, afin de pouvoir me témoigner, à leur façon, la sollicitude attendrie que mon isolement leur inspirait, et leur vif désir de m’être utiles en quelque chose.

Cet isolement fut interrompu durant près d’une année, lorsque mon père, sa mission au Ministère de l’Intérieur accomplie, se vit attacher à la Division Militaire de Constantine, pour l’organisation de la campagne dite des Portes-de-Fer. Ma mère et mes sœurs vinrent occuper, dans ma Sous-Préfecture, un appartement que j’ajoutai, pour elles, au mien, et que je fis meubler, comme celui-ci, convenablement et simplement.

Le séjour de ces « Parisiennes » fit événement à Nérac. On se réunissait ; on dansait ; on faisait de la musique. Mon piano, dissimulé jusque-là, tant j’avais lieu de craindre qu’il empêchât mes administrés de me prendre au sérieux, parut au jour. Mes sœurs, dont l’aînée possédait un talent d’artiste, en faisaient les honneurs. Au dehors, on organisait des parties et des excursions.

Mais, cela finit trop tôt. Mon père, à son retour d’Afrique, fut envoyé prendre résidence au Mans, où ma mère et mes sœurs durent le rejoindre.

Peu de temps après, ma sœur aînée se mariait avec M. Artaud, Inspecteur Général des Études, à qui, depuis longtemps, elle était fiancée.

M. Artaud, Élève de l’École Normale, Professeur au Collège Louis-le-Grand, sous la Restauration, écrivait dans le Courrier Français, journal d’opposition libé-