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ment, l’étoile politique de M. Sylvain Dumon, le Député d’Agen, dont M. Brun était l’homme lige, obtint que celui-ci fût envoyé dans les Vosges, et remplacé, dans le département de Lot-et-Garonne, par le Préfet dont il devenait lui-même le successeur : M. de la Rougerie, ancien Sous-Préfet de Nérac, sous la Restauration. Je n’ai pas besoin de dire que mes administrés accueillirent ce changement comme un triomphe pour leur arrondissement, et que, le fait accompli, j’entretins, avec mon nouveau chef, les rapports les meilleurs.

Mais, son séjour à Agen n’eut pas une longue durée : bientôt, vint un autre Ministère, dont M. Dumon faisait partie, lequel renvoya M. de la Rougerie dans la Préfecture d’Épinal, et réinstalla, dans celle d’Agen, M. Brun.

Ce dernier me voua fort injustement une portion de la rancune, fort concevable, qu’il garda toujours à mon Député, de cette aventure ennuyeuse.

Je prenais occasion de mes visites à la Préfecture, assez fréquentes, pour cultiver mes relations dans Agen, où les meilleures maisons m’étaient ouvertes.

Parmi les plus agréables, figurait celle d’un ancien Préfet du premier Empire, Président de Chambre à la Cour Royale, M. de Bergognié, dont la femme tenait, on ne peut mieux, son salon. Ils avaient deux charmantes filles et deux fils, dont l’un fut Préfet, sous le second Empire. L’autre, Magistrat, comme son père, devint Avocat Général à la Cour Impériale de Paris.

MON INTÉRIEUR. — MES RELATIONS.

À Nérac, il n’existait pas, à proprement parler, de rapports de société. L’habitude générale de dîner à une