Page:Mémoires du Baron Haussmann, tome 1.djvu/134

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ment se montrait alors bien moins facile que depuis, et surtout de nos jours, à décerner prématurément, pour services plus ou moins exceptionnels, aux jeunes fonctionnaires ou employés ambitieux d’en fleurir leurs boutonnières, cette décoration de la Légion d’Honneur, qui devrait être jalousement réservée aux serviteurs émérites de l’État, militaires ou civils ; aux savants, aux grands artistes, mis, par leurs travaux, hors de pair ; suivant le programme de l’Institution : tracé par son immortel fondateur, Napoléon Ier ! Mais, justement, en 1837, parce qu’on n’abusait guère des services exceptionnels, en faveur de simples protégés, cette nomination me rendit on ne peut plus heureux. Elle grandit beaucoup, d’ailleurs, la considération que mes administrés avaient déjà pour moi.

Au surplus, entré dans l’Ordre, sans avoir, à beaucoup près, le nombre d’années de service normalement exigé, je puis dire que mon avancement s’y fit, de grade en grade, jusqu’au plus élevé, dans des conditions absolument régulières.

Chevalier en juillet 1831, je ne devins officier, comme Sous-Préfet à Blaye, que plus de neuf ans après, en février 1847, et commandeur, à titre de Préfet de la Gironde, que cinq ans et demi plus tard, à la fin de 1852.

Préfet de la Seine, l’Empereur me promut à la dignité de Grand Officier après un nouveau délai de trois ans et demi, en juillet 1856, et à celle de Grand-Croix, cinq années et demie au delà.

Je suis aujourd’hui le doyen des Grands Dignitaires civils.