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rité de la région du sud-ouest, s’informa de la cause de ce phénomène. Apprenant qu’il devait l’attribuer au zèle, hors ligne, d’un jeune Sous-Préfet ne plaignant pas sa peine, il crut d’un bon exemple, d’en signaler l’auteur, d’une manière toute spéciale, au chef hiérarchique de celui-ci : le Ministre de l’Intérieur, qui, seul, pouvait le faire décorer.

M. de Montalivet, on s’en souvient, avait secondé mon entrée dans l’Administration, sous le Ministère Casimir Périer : il n’eut garde, par ce motif, de négliger la haute recommandation dont, sans le savoir, je me trouvais exceptionnellement honoré de la part de son collègue, le Grand-Maître de l’Université, l’un de nos plus illustres hommes d’État, et que les notes accumulées dans mon dossier étaient loin de contredire.

Voilà, telle que je la reçus confidentiellement, l’explication de mon admission prématurée dans l’Ordre, il y a plus de cinquante-deux ans aujourd’hui.

C’est vingt-cinq ans et plus, en ça, que, le 7 décembre 1862, à l’inauguration solennelle du boulevard du Prince-Eugène (boulevard Voltaire, maintenant), j’appris ma promotion à la dignité suprême de Grand’-Croix, par l’Empereur même, qui m’en remit les insignes devant tous les Grands Corps de l’État, aux acclamations d’une foule innombrable, en pleine place du Trône ! Il est des souvenirs ineffaçables. Celui-là, qui date de vingt-sept ans passés, demeure, pour moi, le plus glorieux de ma vie publique à son apogée.

Ma nomination, comme Chevalier, pouvait sembler un peu hâtive, je le reconnais, malgré les circonstances auxquelles je la dus, en 1837. En effet, le Gouverne-