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sa représentation officielle depuis cette dernière et si néfaste année, après m’avoir ôté tout ce qu’elle put, comme à tant d’autres, respecta mon droit à la pension de 6 000 francs revenant au dernier des Préfets, pour le même laps de temps passé dans l’Administration. — Je lui en garde une gratitude proportionnée à cette marque de sa munificence à mon égard.

Mais, les intérêts de la Ville de Paris, auxquels j’ai consacré tant d’années de labeurs, de sollicitudes, de veilles ardentes, me sont restés chers, malgré tout. Je ne puis, sans un regret douloureux, voir encore inachevées tant d’œuvres nécessaires, dont j’ai pris l’initiative et laissé l’exécution plus ou moins avancée, en 1870, et c’est parce que, nombre de fois, on m’a représenté beaucoup de parties de ces souvenirs comme pouvant être utiles à la solution d’affaires en suspens depuis lors, qu’après bien des hésitations, je me suis décidé, tout récemment, à livrer mon manuscrit au très habile éditeur qui va le publier.

Le « Moi », je le sais, est odieux ; mais il faut bien s’y résigner, quand l’attrait d’une œuvre vient justement de ce que l’écrivain fut, sinon le personnage principal, du moins, un des acteurs ou spectateurs de toutes les choses qu’il raconte.

Les détails personnels ou de famille mêlés incessamment à mes récits, ne sont pas toujours, comme on pourrait le croire, des hors-d’œuvre qui les allongent sans utilité. L’existence d’un homme public se confond tellement avec les mille détails de sa vie privée, qu’on ne