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par aucune sorte de végétation, y formaient des espèces de fondrières sèches, que bêtes et gens franchissaient avec difficulté. Mais, le plus souvent, on pouvait les tourner, en passant sur la bruyère couvrant les dessous des bois voisins. Cette assimilation du sable mouvant à la boue se trouve consacrée, dans le patois du pays, qui désigne les deux choses, si différentes qu’elles soient, en réalité, par le même mot : hang (fange).

J’entrepris, avec la conviction la plus complète de son urgence, la transformation des voies vicinales de l’arrondissement, et j’y montrai la même volonté persévérante que, plus tard, dans la transformation de Paris, avec toute l’ardeur de ma jeunesse, en plus. C’est mon vif désir de la mener à fin qui me fit refuser, plusieurs fois, des postes plus importants que Nérac et plus rapprochés de Paris. D’ailleurs, au point de vue de l’avancement, toutes les Sous-Préfectures se valant alors, je n’avais réellement pas de motif sérieux pour m’imposer les ennuis, les fatigues et les dépenses de nouveaux déplacements.

Si les moyens d’action étaient petits, le zèle était grand.

Je commençai par examiner avec soin, en les revisant pour les soumettre à l’approbation du Préfet, les comptes administratifs et les budgets des 67 communes de l’arrondissement, afin de constater les ressources qu’elles pouvaient affecter à l’amélioration de leurs chemins, travail analogue à celui que je fis sur le budget de Paris, dès mon entrée à l’Hôtel de Ville. Je le reconnus bien vite : dans la plupart des communes, le rôle des prestations constituait la seule ressource dont on pût faire sérieusement état.