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deux parts, défendent leurs champs de l’invasion des bêtes à laine et des vaches qui paissent aux alentours, en troupeaux nombreux. Les bâtiments d’habitation et d’exploitation sont abrités par des groupes de chênes centenaires, donnant à ces métairies, le plus souvent isolées, un cachet tout particulier.

C’est depuis 1832 que les semis de pins maritimes ont graduellement envahi toutes les parties non cultivées du plateau des Petites Landes de Lot-et-Garonne formant le canton de Houeillès. Alors, ces vastes espaces n’offraient, à perte de vue, que des plaines couvertes de bruyères et d’ajoncs, et sillonnées de frayés allant dans tous les sens, parmi lesquels il était difficile de se retrouver. La première fois que je me rendis au chef-lieu de ce canton, l’agent-voyer qui me guidait, se dirigeait au moyen d’une boussole !… J’appris bien vite à me reconnaître dans ces mornes solitudes, grâce à des points de repère lointains et, avant tout, à la position du soleil, jusqu’à ce que j’eusse fait ouvrir partout des chemins réguliers, bien entretenus.

Le plateau de Houeillès donne naissance à une petite rivière, l’Avance, qui présente un singulier phénomène. Le principal des ruisseaux dont elle s’alimente, après avoir fait tourner les meules du petit moulin de Poumeyrot, commune de Sainte-Pompogne, répand ses eaux dans une sorte de prairie sablonneuse, qui les absorbe. Il reparaît, à deux lieues plus loin, près de Casteljaloux, en neuf sources fournissant une chute qu’utilisaient les forges de Neuffons. Au-dessous de Casteijaloux, l’Avance met en mouvement de beaux moulins, et pénètre dans l’arrondissement de Marmande, pour aller