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branches, transplantée en Guienne, a pour représentant, aujourd’hui, M. le marquis de Sabran, propriétaire près de Grignols, arrondissement de Bazas (Gironde).

En amont de Lavardac (où fonctionne maintenant une station du chemin de fer de Port-Sainte-Marie à Condom, par Nérac) et du village de Pont-de-Bordes, se jette, dans la Baïse, son principal affluent, la Gélise, qui reçoit elle-même, un peu plus haut, la rivière de Losse, prenant sa source, comme elle, aux confins du Gers et des Hautes-Pyrénées. On voit, sur la Gélise, l’ancien moulin fortifié de Barbaste, formant la tête d’un antique pont, plus qu’étroit, conduisant à ce bourg, où passe la route de Nérac à Casteljaloux et à Bazas, moulin qui fut la propriété du Roi. On le nomme aussi moulin des Quatre-Sœurs ou des Quatre-Tours, à cause des tours carrées, d’inégale hauteur, qui le flanquent, pour exprimer, dit-on, les différences d’âge de quatre sœurs qui l’auraient fait construire. Je me borne à rapporter cette légende.

Henri IV se qualifiait familièrement : « Meunier de Barbaste », et l’on raconte que, lors du siège de Paris, faisant la visite des abords de ses murs, ne les sachant pas minés, un soldat gascon, au service de la Ligue, l’avertit du danger qu’il courait, en lui criant du haut du rempart, dans le patois de son pays : « Moulié de Barbasto, prento garde à la gate che s’en ba gatoua. » Cela veut dire : « Meunier de Barbaste, prends garde à la chatte qui va faire des petits. » Pour comprendre l’avertissement contenu dans cette phrase, il faut savoir que le mot « gate » veut dire « mine » aussi bien que « chatte ».