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MA NOUVELLE RÉSIDENCE.

Mon prédécesseur, M. de Vidaillan, avait quitté Nérac, après une démission dont la véritable cause fut, je crois, que ce Parisien, un peu mêlé au monde des lettres, reconnaissait que l’Administration n’était pas son affaire. Dans aucun cas, il n’y pouvait obtenir le rapide avancement sur lequel il comptait.

Je trouvai donc la Sous-Préfecture vacante.

Elle occupait, au centre de la ville, le corps principal d’un ancien couvent de Doctrinaires, dont l’aile droite appartenait à la Mairie ; celle de gauche, au Tribunal de Première Instance et à la Justice de Paix. Entre ces bâtiments, une grande cour, ouvrant sur la Place d’Armes. Le premier tiers dégageait les entrées correspondantes du Tribunal et de la Mairie. Les deux autres dépendaient de la Sous-Préfecture. Au milieu, clos d’une haie de rosiers, un petit jardin à l’usage du Sous-Préfet, devant la façade de l’hôtel, garnie jusqu’au premier étage d’un espalier de jasmins. Dans une petite cour intérieure, débouchant sur une rue de derrière, l’écurie et la remise. Du côté de cette rue, deux pavillons d’angle, carrés, flanquaient les extrémités du corps de logis principal.

Je dus demeurer à l’auberge tout le temps nécessaire pour meubler convenablement les pièces les mieux situées de cette grande Sous-Préfecture dont je composai mon appartement, et pour monter mon ménage.

Fort heureusement, je fis la rencontre d’un vieux valet de chambre, connu jadis à Paris. Il avait épousé une cuisinière, également mûre, et qui possédait, à