Page:Mémoires du Baron Haussmann, tome 1.djvu/11

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ont fait des pas de géant, auxquels on ne peut rien opposer de comparable. Toujours est-il qu’on lui doit les Alphand, les Belgrand, et que, si Deschamps, le chef trop peu connu du service du Plan de Paris, qui mériterait d’être placé presque au niveau de ces hommes d’élite, dans l’estime et la reconnaissance des Parisiens, étudia sur les bancs de la première, il les quitta, comme un transfuge, pour devenir Architecte-Voyer ; Géomètre de la Ville ; et, graduellement, le Grand-Voyer véritable de cette Cité-Reine ; le gardien de la Loi (trop insuffisante) des Bâtiments ; mais, par-dessus tout, l’inspirateur du tracé de beaucoup de ces grandes voies nouvelles qu’on admire ; le praticien habile qui sut donner, à toutes, la direction la moins dommageable, et cependant, la mieux appropriée aux dispositions du sol ; aux besoins de la circulation ; aux belles perspectives ; et déterminer, sur place, les alignements et les points de niveau, avec une telle précision, que, jamais, la moindre erreur ne fut commise par les constructeurs des maisons édifiées avant l’ouverture de ces voies, soit, à une extrémité ; soit, à l’autre, ou sur un point quelconque de leur parcours.

Baltard, encore un de mes anciens du collège Henri IV, que je mis à la tête du service d’Architecture de la Ville ; un grand prix de Rome ; un membre de l’Académie des Beaux-Arts, avait conçu les Halles Centrales en belles pierres de taille, bien massives, et ne les fit en fer qu’à son corps défendant, sur un croquis de l’Empereur, développé par moi dans un dessin, à main-levée, lui donnant