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Je le dis tout de suite, je ne rencontrai pas les difficultés que j’appréhendais au début, comme Sous-Préfet protestant, au sein d’une population divisée de croyances. À Nérac, catholiques et protestants vivaient en bonne intelligence, et jamais, je n’eus aucun embarras sérieux motivé par des dissidences religieuses

Le Député de Nérac, M. le marquis de Lusignan, un vrai grand seigneur, bien en Cour, devait surtout son élection, dans ce collège d’opinions peu royalistes, à ce que, sous l’Empire, enrôlé dans les Gardes d’Honneur, il avait été fait Lieutenant de Cavalerie par l’Empereur Napoléon Ier, qu’il servit très fidèlement jusqu’au bout. Il conservait un véritable culte pour la mémoire de ce Souverain.

Le Député de Marmande était M. le baron de Bastard, et celui de Villeneuve, le général Lafond de Blagnac, deux légitimistes ralliés.

Quant à l’arrondissement d’Agen, il avait deux représentants : M. Sylvain Dumon, avocat, pour le collège formé de la ville même, et M. Merle de Massonneau, Maire d’Aiguillon, pour celui que les cantons du dehors composaient.

Ce dernier, grand propriétaire, dont le fils, mon camarade de classe au collège, vivait en oisif, comptait parmi les « juste-milieu » renforcés.

M. Sylvain Dumon, un de mes anciens du collège Henri IV, originaire de l’arrondissement de Nérac, était l’aigle du barreau d’Agen. Beau-frère du principal banquier de cette ville, M. Rotch-Barsalou ; riche par sa femme, il avait l’ambition, justifiée par sa grande aptitude aux affaires et son talent de discussion hors