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ment, que je tenais à garder, et je partis pour Lyon, par Saint-Étienne, afin d’aller voir ma famille à Paris, et prendre l’air des bureaux du Ministère de l’Intérieur.

À Lyon, un retard de toute une journée me permit de prendre une idée générale de la ville. Je fus très désappointé, d’ailleurs, de ne trouver libre, pour le soir, qu’une place de « rotonde » dans la diligence des Messageries Royales. Je regrettais presque Les guimbardes d’Angoulême au Puy. Dans ces cahotants véhicules, on pouvait, du moins, s’étendre et mouvoir ses jambes !

Le temps était mauvais, les routes défoncées, et nous mîmes trois nuits et deux jours pour faire le voyage de Lyon à Paris, ou j’arrivai les jambes enflées et le corps tout courbaturé.

Je n’y fis, néanmoins, qu’un séjour très limité.

Je ne pouvais, on le comprend, passer à Poitiers, sans m’y arrêter vingt-quatre heures, pour voir mon ancien Prefet et mes anciens amis. Je n’y demeurai pas davantage, et je me pressai de gagner Bordeaux, où je dus rester un jour, avant de pouvoir prendre place, pour Agen, dans le courrier de Toulouse.

En visitant cette magnifique ville et son port, je ne me doutais guère que j’y serais, un jour, Préfet de l’Empire !