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soumettre, et même de questions industrielles que je n’avais pas eu l’occasion de rencontrer dans la Vienne. — Enfin, cette première étape d’administration active me permit de me familiariser avec l’exercice de l’autorité ; comme aussi, de m’habituer à la tenue constante qu’impose aux jeunes fonctionnaires plus qu’à tous autres, l’occupation du premier rang dans une petite ville, où tous leurs actes sont observés et toutes leurs paroles recueillies, autour d’eux, avec moins de bienveillance que de curiosité.

Vers le milieu du mois d’octobre, je reçus avis de ma nomination, signée le 9, à la Sous-Préfecture de Nérac (Lot-et-Garonne), la ville des fameuses terrines, un vrai pays de Cocagne, m’écrivait-on. Pour moi, Nérac était surtout la ville de Jeanne d’Albret ; le siège de la cour de Navarre ; le théâtre des exploits de jeunesse de Henri IV.

Je puis dire que la nouvelle de mon départ, dès qu’elle fut connue, causa des regrets, même dans les rangs de mes adversaires politiques.

Cette fois, je me promis bien de ne pas me rendre directement à∏ mon nouveau poste, par l’intérieur de la France : je n’éprouvais aucune envie de me faire trimballer de nouveau, de patache en patache.

Après avoir fait mes adieux à mon Préfet et à sa famille ; après avoir serré la main de mes nombreux amis d’Yssingeaux, et chargé l’un d’eux, M. Bonnet, le Maire, de tirer le meilleur parti possible de mon mobilier, j’expédiai sur Nérac, à petites journées, ma ju-