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nage, de ceux des membres des deux conseils qui ne pouvaient trouver place au château même. Le dîner fut des plus gais, et la soirée se prolongea. — C’est ce jour-là que je fis la connaissance de M. Bret, Préfet de la Loire. Il devint Préfet du Rhône sous le second Empire, et, lors de sa retraite, membre du Sénat, où je le retrouvai. Sa fille épousa M. Vuitry, qui, dans les derniers temps, occupait le poste de Ministre présidant le Conseil d’État.

Le lendemain, chacun tira de son côté. Mon Préfet, sa femme et sa fille, arrivés ensemble à Yssingeaux dans l’après-midi, s’arrêtèrent, pour se reposer, à la Sous-Préfecture, où je les avais précédés, afin de leur faire préparer une collation. Au départ, je les accompagnai, à cheval, jusqu’au col de Perthuis. Là, ces dames me proposèrent de venir dîner à la Préfecture, où leur hospitalité m’était assurée. Comme le Préfet, qui remarquait, en connaisseur, les allures nerveuses de ma bête, partie, le matin, de la Chapelle-d’Aurec, c’est-à-dire de l’extrémité du département, semblait douter qu’elle pût aller jusqu’au Puy, je le rassurai. « Cette pouliche fera mieux encore, » lui dis-je ; « elle m’en ramènera ce soir même, parce que des audiences à recevoir me réclament pour demain matin. » En effet, avant minuit, nous étions revenus, l’une portant l’autre, à Yssingeaux, après un parcours de vingt lieues, en trois étapes.

Je n’eus pas le temps de faire beaucoup d’adrninistration dans l’arrondissement d’Yssingeaux. Mais j’y traitai, cependant, quelques affaires importantes concernant des droits d’usage, de pacage et d’affouage. — Dans la session du Conseil d Arrondissement, je me montrai bien au courant de tout ce que je venais lui