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vis appeler depuis un de mes anciens subordonnés : pas des plus capables ; mais des plus remuants !

Je fais, il est vrai, partie de l’Institut de France, du chef de l’Académie des Beaux-Arts, où, Préfet de la Seine, je fus admis, comme l’avait été M. le comte de Rambuteau, bien avant moi. Je n’y obtins même la majorité, qu’à la suite d’un premier insuccès contre un concurrent, aujourd’hui disparu, dont je me demande encore quels étaient les droits.

Or, je n’avais pas seulement pour moi de protéger tous les arts ; j’étais, de plus, l’appui constant, éprouvé, des artistes de valeur et d’espérance, et même un peu leur confrère : « artiste démolisseur », si l’on veut ; — la vocation de tous ceux qui démolissent n’est pas la même, Dieu merci ! moins heureux, peut-être, en reconstruction, mais par la faute de l’Académie plus que par la mienne.

En effet, si l’École des Beaux-Arts, placée sous son patronage, a doté le pays d’architectes de grand talent et d’un goût irréprochable, dont, pour ma part, je me suis fait un devoir et un honneur d’invoquer le concours en tant d’occasions, j’ai la hardiesse de dire, au risque de tout, que, parmi eux, ne s’est point révélé, sous l’Empire, un de ces artistes dont le génie transforme son art et l’approprie aux aspirations de temps nouveaux.

L’École des Ponts et Chaussées fut bien plus féconde, et cela se comprend, dans un siècle où les sciences positives, ou l’art et le talent pratiques de l’Ingénieur