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Au nord de cette falaise du corps-de-garde du bois de la Lande, et à 100 et quelques toises en mer, se trouve le rocher du Cobe, lequel s’élève d’une dizaine de pieds au-dessus des plus hautes marées ; ce rocher est un ancien témoin de l’extension qu’avait autrefois la formation de grès secondaire, et des destructions que ces falaises du N.-E. de l’île ont éprouvées.


Quarzite du Cobe.

Ce rocher du Cobe est formé d’énormes quartiers de couches de quarzite qui est absolument l’analogue de celui de la falaise du corps-de-garde, lequel à une certaine époque a dû en être la prolongation. Le sable ferrugineux ayant été emporté par les vagues, les couches de quarzite se sont brisées par leur propre poids en s’affaissant les unes sur les autres en forme d’artichaut.

Les couches supérieures, puissantes, sont formées par un quarzite plus ou moins compacte, gris ou rougeâtre avec ciment pulvérulent blanc ; la surface de ces couches est tapissée, par endroits, de cristallisations confuses de grains de quarz. Les couches inférieures qui reposent sur les talcschistes sont d’un grès quarzeux blanc à grains si fins dans certaines parties, qu’il prend l’aspect du grès de Fontainebleau.

Avant de continuer la description des différentes localités intéressantes de ces falaises, il est nécessaire de faire observer que les anses qui séparent les pointes servent de débouché à de courtes vallées, lesquelles partent du sommet de ce petit chaînon secondaire, et descendent vers la mer (Voyez pl. XIX, fig. 3). En quittant la pointe du corps-de-garde de la Lande pour se diriger vers la pointe du fort Saint-Pierre, en suivant la plage, on rencontre d’abord l’anse des Souzeaux, qui, quoique fort grande, ne présente rien d’intéressant, étant couverte de végétation dans tout son pourtour. Le sable ferrugineux de la pointe du corps-de-garde vient s’y cacher sous la végétation.

À la pointe de la batterie du Tambourin, le quarzite blanc compacte est en couche très puissante, dont la tranche est presque horizontale. Le pied de cette pointe est couvert d’une quantité considérable de blocs énormes de quarzite entassés les uns sur les autres, lesquels proviennent de la chute des couches supérieures de quarzite minées par l’action continuelle des flots. Cet amas de blocs empêche d’apercevoir dans cette butte le sable ferrugineux qui doit porter le quarzite.

Après avoir tourné la pointe du Tambourin, on trouve l’anse rouge, laquelle doit probablement son nom aux sables ferrugineux qu’on aperçoit dans tout son pourtour. Ces sables m’ont encore offert des orbicoles siliceux, des fragmens de Gryphées à l’état siliceux, et deux Nummulites. Ils acquièrent 12 à 15 pieds de puissance au-dessus des hautes marées, et sont recouverts aux deux extrémités de l’anse par le prolongement des couches de quarzite de la pointe du Tambourin et de la butte du bois de la Chaise.