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Les différences qu’on remarque entre les divers dépôts de comblement tertiaires tiennent à des circonstances locales qui sont mises en évidence par la comparaison des bassins où ils sont situés.


§ VII. Terrain de comblement du golfe marin des Pyrénées-Orientales.

À l’orient des Pyrénées, trois grands torrens, le Pach, la Tet et l’Agly, descendant du faîte de la chaîne, ont comblé un ancien golfe marin, bordé au sud par l’arête des Albères, au nord par celle des Corbières.

Ces torrens, à leur sortie des montagnes, prolongent maintenant leur cours jusqu’à la mer, à travers les amas de sables, de limons et de graviers quarzeux qui se sont amoncelés sous les eaux d’une mer plus haute qu’aujourd’hui d’environ 200 mètres.

Ces amas, qui, depuis l’abaissement du niveau des mers, paraissent avoir été balayés par les courans, entre la Tet et l’Agly, se sont conservés entre la Tet et le Tech. Le village de Banguls-les-Aspres occupe une de leurs terrasses supérieures.

La hauteur de ces terrasses n’excède point l’horizon des plus hautes régions tertiaires qui n’ont pas subi de soulèvemens. Elles servent en quelque sorte de témoins et de points de repère pour indiquer l’ancienne hauteur de ces amas de transport aussitôt après leur émersion.

Les excavations des ravins et du lit des torrens ont mis à découvert la composition de ces terrains mobiles dans toute leur épaisseur au-dessus du niveau de la mer, et les sondages des puits artésiens ont prouvé qu’ils s’enfonçaient à une profondeur inconnue au-dessous de ce niveau.

Les sables et les limons, tantôt en couches régulières, mais peu étendues, tantôt en amas inégaux, sont nuancés de couleurs grises et jaunâtres, avec quelques veines rougeâtres. Les graviers et quelques galets quarzeux y sont plutôt disséminés que stratifiés ; le granite y est très rare.

Les sédimens calcaires s’y trouvent à peine dans la proportion d’un centième, relativement aux matières argileuses et quarzeuses.

Des dépôts de coquilles marines tertiaires sont associés à ce grand amas de sables, de limons et de graviers, mais non d’une manière générale. On les rencontre seulement aux parois de ces larges excavations que les trois grands torrens ont creusées à leur sortie des montagnes pour se rendre à la mer. Les lits sableux où ces coquilles sont disséminées, sont entièrement semblables à ceux que forment aujourd’hui les torrens sur leurs rives, et ces lits reposent sur l’ancien terrain de comblement excavé. Ils ne s’étendent qu’à une très petite distance des courans qui ont fait l’excavation, et n’en dépassent pas la limite.

Il est ainsi démontré que ces dépôts coquilliers sont postérieurs au comblement sous-marin du golfe des Pyrénées orientales, et même à la couche des