Page:Mémoires de la société géologique de France - 1re série - 1 - 1833-1834.djvu/253

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


Il n’en est pas de même aux Alpes, où la pluralité, l’étendue et l’entrecroisement des divers systèmes de montagnes ont laissé subsister dans leurs intervalles des cavités spacieuses et profondes qui sont encore occupées par les eaux.

La disposition des dépôts de comblement n’est point la même dans tous les lacs desséchés des régions moyenne et intérieure des montagnes. Elle est modifiée par la position de ces lacs, par leur étendue et par d’autres circonstances : mais c’est dans les bassins qu’on commence à discerner par leurs formes et par l’ordre de succession les diverses parties dont se composent les dépôts.


§ IV. Des diverses espèces de dépôts de comblement.

On y distingue :

1° Les pséphites gomphoïdes ou cailloux roulés agglutinés en roche compacte (Nagelflue) ;

2° Les amas et les couches de limons, de sables et de graviers quarzeux ;

3" Les cailloux roulés déposés en amas ou en couches, et non agglutinés ;

4° Les grands blocs roulés que leur transport dans des régions lointaines a fait appeler erratiques.


§ V. Des pséphites gomphoïdes.

Parmi les plus anciens de ces dépôts de comblement il faut compter une partie de ceux qu’on trouve cimentés en forme de conglomérats ou de pséphites. Toutes les époques de la période secondaire ont produit leurs pséphites, à commencer par celles du granite et du gneiss, dont on a désigné les poudingues parle nom spécial d’anagénites.

Les terrains houiller, pœcilien, liasique, oolitique, crétacé, ont eu aussi leurs pséphites.

La différence des opinions touchant l’âge des nagelflues alpins provient peut-être de ce que ces pséphites appartiennent à plusieurs époques.

Les uns reposent immédiatement sur les roches anciennes, et sont antérieurs aux argiles ou molasses rouges ; d’autres alternent avec les molasses moyennes tertiaires ; d’autres enfin sont mêlés aux molasses supérieures coquillières et aux coquilles elles-mêmes[1].

Tous ont cela de commun qu’ils paraissent avoir été formés dans des lacs dont les eaux ont agglutiné leurs galets.

L’étendue circonscrite des dépôts de pséphites, et la grande épaisseur de quelques uns, indiquent suffisamment que leur accumulation et leur agglutination

  1. Mémoire de M. de Studer, sur les Molasses. Voyez le Bull. des Sciences naturelles t. IV, p. 179.