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et de peu d’importance. C’est à cette sorte d’indépendance mutuelle des points de partage dans les vallées parallèles, que l’on doit cette singulière erreur de dessin qui fait que l’on rencontre sur la plupart des cartes de la Corse une courbe en forme de S, destinée à figurer la ligne principale de ses montagnes.

Au sud du Monte Doro, les relations des rides transversales avec les rides longitudinales prennent un autre caractère. La crête qui commence entre les golfes d’Ajaccio et de Valinco, arrivée à peu près dans le milieu de l’île, se recourbe subitement, et se dirigeant vers le nord, sous le nom de Serra d’Ese, va se raccorder avec les systèmes dépendans du cap Corse que j’ai déjà décrits. Il en est de même de la crête qui commence à l’autre pointe du golfe de Valinco ; arrivée à peu près à la même hauteur que la précédente, elle se redresse vers le nord, mais en donnant lieu au point de raccordement, vers Asinao, à un nœud de montagnes d’une structure un peu plus compliquée.

La double vallée qui se trouve comprise entre ces deux lignes a cela de particulier, parmi toutes celles de la Corse, que la Foce di Verde, qui lui sert de point de partage, est d’une hauteur peu considérable par rapport à la Serra d’Ese et à la Serra del Prato, qui l’enclavent, et que le Taravo et le Fiumorbo, partis de la même gorge, vont se jeter à la mer, l’un à l’ouest, l’autre à l’est, sans rencontrer d’autres montagnes qui les détournent.

Là s’interrompent les dernières traces bien précises du système nord-sud. L’île se termine par deux rides du système transversal, peu élevées, mais remarquables en ce que, atteignant directement la côte orientale, elles y forment les seuls golfes qui y existent, celui de Porto Vecchio et celui de Santa-Manza, précieux par la sûreté et la facilité de leurs mouillages.


Les courans d’eau qui occupent la partie occidentale de l’île sont très réguliers dans leur allure ; chargés chacun du produit des versans d’une seule vallée transversale, ils arrivent directement à la mer dans le golfe qui leur correspond, sans déviation et sans mélange, et sont par conséquent peu considérables. Mais ceux qui descendent sur la pente orientale des grandes montagnes, sont empêchés de continuer tranquillement leur course vers le nord-est, à cause de la chaîne qui leur barre la route en venant du cap Corse ; ils sont donc obligés de la longer, les uns à droite et les autres à gauche ; et, recrutant successivement de nouvelles eaux à l’embouchure de chaque vallée, à partir de Corte, qui est le point de séparation, ils forment les deux rivières les plus considérables de la Corse, le Golo et le Tavignano, et se jettent à la mer par deux fissures qui se présentent dans la chaîne, l’une devant la plaine de Biguglia, l’autre devant celle d’Aleria. Des contournemens analogues se retrouvent dans les courans moins importans qui appartiennent à cette partie de l’île ; c’est ce qui arrive notamment aux versans du Santo-Pietro, par la rencontre des montagnes de Cervione.