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14 à 15 p. 100 de bases alcalines, et n’ont pas été aussi fondus, aussi fluides que les basaltes, qui n’en renferment guère que 7 à 8. Au contraire, les trachytes gris-noir et les basaltes très chargés de protoxyde de fer offrent les caractères d’une grande liquidité.

Le rouge, le noir, le bleu, le vert foncé accusent le protoxyde de fer. Le blanc, le jaune serin, le jaune indiquent ou cachent le peroxide. Les domites et certains trachytes, quoique à peine revêtus de faibles teintes jaunâtres, renferment d’assez fortes proportions de peroxide de fer, et lui doivent peut-être leurs propriétés réfractaires. En effet, si l’on se rappelle qu’à une température élevée le silicate ferrique perd de l’oxygène et se transforme en silicate de protoxyde, on en conclura que ces domites et ces trachytes ont été exposés à une médiocre chaleur, et n’ont pu former que des masses pâteuses, peu coulantes, d’un aspect mat et terreux. Un accroissement de température a ramené le fer à l’état d’oxidule, en a introduit une nouvelle quantité, et a formé des laves noires coulantes, des basaltes.

Ce qui porte le plus souvent à n’attacher que peu d’importance à la coloration des roches, ce sont les variations fréquentes de couleurs dans une même masse. Mais il faut remarquer, d’une part, qu’on ne doit considérer ce phénomène que d’une manière générale ; et de l’autre, que ces variations ont presque toujours lieu entre des élémens isobasiques, entre des silicates de même oxide à divers états de saturation, et par conséquent entre des couleurs qui s’accordent. Ainsi, malgré ces variations, il n’en est pas moins constant que certaines couleurs peuvent être considérées comme caractéristiques de certaines époques d’émission, par cela même qu’elles indiquent un changement dans le travail des creusets souterrains.

Gmelin a publié les analyses de quelques phonolites, et a conclu, de ses recherches, que cette roche était composée d’un mélange de feldspath et d’une substance zéolitique soluble dans les acides. Quelques personnes se sont autorisées de ce fait pour considérer la solubilité partielle dans les acides comme un caractère distinctif des phonolites. C’est là une grave erreur qu’il importe de détruire. J’ai essayé les principales espèces de roches volcaniques, et toutes se sont trouvées composées de silicates solubles et de silicates insolubles, en proportions très variables dans une même espèce. Il suffit, d’ailleurs, de comparer entre elles les analyses de Gmelin pour reconnaître que ces mélanges ne sont assujétis à aucune loi fixe. La zéolite (je me sers de ce nom assez impropre pour la commodité du langage) entre dans les phonolites analysés pour 14, 16 et 55 sur 100 ; ou, ce qui revient au même, ces roches abandonnent aux acides 8, 11 et 30 parties de diverses bases. En faisant digérer à froid les roches réduites en poudre impalpable dans de l’acide hydrochlorique étendu de son volume d’eau, j’ai trouvé les pertes suivantes :

1" Trachyte rouge de Bataillouse 9,25