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1° Que le cratère du Cantal n’est pas un cratère de soulèvement, mais un cratère d’éruption ;

2° Qu’on doit distinguer au moins six périodes d’éruption volcanique dont la renaissance de la végétation prouve l’éloignement dans le temps, quoique les produits soient rapprochés dans l’espace ; que ces périodes se sont suivies dans cet ordre : trachytes anciens, dykes trachytiques, trachytes gris-noirs, phonolites, basaltes anciens, basaltes modernes, et que les roches épanchées ne sont que des transformations graduées de l’une à l’autre ;

3° Que postérieurement à la formation du cône volcanique le terrain n’a pas subi de soulèvement général pendant une de ces périodes ; mais qu’il a pendant chacune d’elles subi sur quelques points des dérangemens isolés, indépendans, excentriques, produits par des agens sans simultanéité dans leur action.

En un mot, j’ai voulu prouver ce qu’on avait depuis long-temps énoncé, et ce qu’on a nié récemment, que le Cantal est tout simplement un volcan éteint.

Mes courses dans les Monts Dore ont été trop rapides, trop incomplètes, trop contrariées par les pluies, pour que j’aie pu les observer avec autant de soin que le Cantal. J’en ai assez vu cependant pour ne pouvoir mettre en doute l’analogie de composition et de formation de ces deux groupes.

Dans la cavité circulaire comprise entre le roc de Cuzeau et le Puy de Sancy, je vois, comme au Cantal, un cratère d’où rayonnent de puissantes coulées. Je vois les bords de ce cratère percés, bouleversés par des éruptions excentriques ; je vois les trois âges des trachytes en coulées, en dykes, en filons ; mais j’observe que cette dernière période a pris dans les Monts Dore beaucoup de développement et d’importance. Aussi les soulèvemens locaux, aussi la dislocation des parois du cratère y sont-ils bien plus marqués.

Les mêmes objections se présentent ici contre la théorie des cratères de soulèvement dans l’existence des vallées extérieures de déchirement sans communication avec le cratère, dans l’absence d’une cause évidente de soulèvement circulaire général ; mais aussi la même position et la même apparence des nappes basaltiques en faveur de cette hypothèse.

On ne peut pas plus, dans le Mont Dore que dans le Cantal, attribuer aux phonolites de grands changemens dans le relief du sol. Si la position des roches Sanadoire, Tuillière et Malviale au foyer d’une dépression parabolique a pu autoriser cette idée, on devra la soumettre à un nouvel examen en apprenant que les phonolites se montrent en plusieurs points autour du lac de Guery, et qu’ils forment à l’est les Puys de Triouleroux et de la Clé du Lac.

Une partie des roches qui entourent cette nappe d’eau, formée par un barrage de basaltes, me paraissent appartenir à l’époque des filons trachytiques. J’ai déjà cité l’opinion de M. Beudant à cet égard.

Je trouve ici de nouveaux faits pour rapporter aux phonolites les filons que M. Burat a classés parmi les trachytes compactes schistoïdes. Sur la route de Murat