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par les eaux de la Méditerranée, et s’élève en quelques points à des hauteurs considérables, même au-dessus du niveau de la mer.

La figure que dessine l’intersection du relief de la Corse par le plan de la mer, est à peu près celle d’une ellipse, ayant son grand axe parallèle au méridien, portant à son sommet méridional une troncature oblique, et à son sommet septentrional un appendice étroit et alongé dirigé vers le nord. La côte occidentale est inégale, et découpée par une série remarquable de golfes et de dentelures, tandis que la côte orientale présente au contraire une ligne fort unie et peu sinueuse.

Pour se rendre compte de cette disposition, il suffit de jeter un coup d’œil sur la structure intérieure de l’île, et l’on reconnaît promptement qu’elle se divise assez exactement, suivant le grand axe de l’ellipse, en deux zones constituées par des montagnes d’allures toutes différentes. Celles qui composent la partie occidentale forment une suite régulière de rides parallèles, dirigées à peu près de l’ouest-sud-ouest à l’est-nord-est, et embrassant dans leurs interstices les échancrures symétriques des golfes de Porto, de Sagone, d’Ajaccio, de Valinco et de Ventilegne. La marche de cet ensemble de lignes obliques vers la mer orientale est interrompue par la rencontre des montagnes qui composent l’autre portion de l’île. Ces montagnes, courant du nord au sud, présentent un groupe beaucoup moins vaste et moins régulier de rides parallèles ; la plus importante est celle qui, commençant au nord de l’île, au cap Corse, se continue jusqu’à la vallée du Tavignano, au-dessus d’Aleria : sur sa pente orientale elle en supporte une autre d’une étendue beaucoup moindre, mais d’une élévation assez considérable par rapport à son peu de longueur ; et enfin la Serra de Tenda, qui abrite le golfe de Saint-Florent du côté de l’ouest, se prolonge vers le sud parallèlement à la chaîne du cap Corse, et conserve comme elle sa régularité jusqu’à la rencontre du Tavignano.

Jusqu’ici je n’ai parlé de ces deux types dirigés l’un au sud, l’autre à l’ouest sud-ouest, que dans leur état d’indépendance, où il sont en effet fort distincts ; mais dans leurs points de rapports ils se présentent avec des caractères beaucoup moins simples à saisir. L’empreinte du système nord-sud s’étend, mais d’une manière extrêmement embarrassée et confuse, jusque dans la partie de l’île découpée par les rides obliques du système ouest-sud-ouest. Cette influence se témoigne avec une précision assez grande au centre des montagnes de Frontagna, qui dominent Calvi, et détermine une crête élevée qui sert de point de partage, et traverse hautement les vallées ; mais au-dessus du golfe de Porto, la direction nord-sud commence à perdre considérablement de sa netteté ; les points de partage des eaux dans les vallées ne sont plus alignés régulièrement, il semble que d’une vallée à l’autre il n’y ait plus entre eux aucune liaison, et la profondeur des gorges, relativement à l’élévation des montagnes qui les enclavent, contribue à montrer que la position de ce point de partage est accidentelle