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N° X.


OBSERVATIONS


SUR LE CANTAL, LES MONTS-DORE,


ET LA COMPOSITION DES ROCHES VOLCANIQUES,


PAR M. A. DESGENEVEZ.



Après la campagne de la société géologique aux environs de Clermont et au Mont-Dore en septembre 1833, j’ai fait avec M. de Verneuil une excursion dans le Cantal. Deux objets très distincts s’offraient nos études : c’étaient, d’une part, les phénomènes et les produits volcaniques ; de l’autre, l’application de la théorie des cratères de soulèvement à ce groupe de montagnes. Si nos observations ont été trop rapides pour avoir aucune prétention à donner une histoire complète des phénomènes compliqués dont le Cantal a été le théâtre, elles ont été cependant assez étendues, assez heureusement dirigées pour apporter quelques faits nouveaux, quelques idées nouvelles à l’œuvre commune des géologues. Par suite de cet examen, sans me ranger parmi les adversaires de la théorie des cratères de soulèvement qui me parait assise sur des bases inébranlables comme généralité, je n’ai pu accepter l’application qu’en ont faite au Cantal MM. Du fresnoy et de Beaumont. Ce mémoire sera donc à la fois descriptif et critique ; et si cette discussion où j’ai contre moi, nouveau-venu dans la science, l’autorité de noms justement célèbres, ne fait point passer ma conviction dans l’esprit des géologues qui me liront, mon travail n’en conservera pas moins, je l’espère, quelque utilité sous le rapport des faits et des détails.

Les principales sommités du Cantal sont, vous le savez, rangées circulairement autour d’une vaste dépression qui occupe le centre du massif ; elles ont en général peu de saillie au-dessus de la crête élevée qui forme le bord de la cavité, et le Plomb du Cantal lui-même, quoiqu’il dépasse de près de 200 mètres les sommités du col de Cabre, se détache à peine de cette crête. Aussi une route, aujourd’hui abandonnée, et attribuée, comme tous les travaux dont l’origine est inconnue, aux Romains, passe-t-elle sur le plateau du Plomb. D’aucun autre point la forme cratérique de la dépression centrale n’est mieux accusée. L’observateur, dont la vue est arrêtée au sud par la crête de Ferval et les contre-forts du Puy-Gros, au sud-ouest par le massif imposant des Puys de la Poche et de l’Elancèze, à l’ouest par la longue arête du Chavaroche et du Mary, et enfin au nord par les rochers qui dominent les cols de Cabre et de la font de Cère, l’observateur,