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je ferai en sorte de m’éloigner le moins possible des conséquences qui découlent naturellement de faits positifs.

Le désir seul de faire mieux ressortir l’ensemble des faits observés dans le terrain de transport du val d’Arno supérieur m’engage à essayer d’en tirer quelques conséquences générales ; lesquelles pourront encore faire mieux connaître et apprécier les rapports ou les anomalies existant entre ce terrain meuble à ossemens, et les autres terrains meubles qui en renferment aussi en Italie.

Si maintenant nous cherchons à résoudre successivement les différentes questions posées ci-dessus, nous voyons d’abord que des roches analogues et semblables aux matériaux, meubles qui forment le terrain de transport du val d’Arno supérieur se trouvent en place et constituent les hautes chaînes du Casentino et de Vallombrosa, dont les couches inclinent de 30° à l’ouest, c’est-à-dire vers la vallée de l’Arno ; il faut donc que ces matériaux meubles soient surtout provenus de ces montagnes du nord de la vallée et non de la chaîne du sud ou de Monte-Grossi, dont les couches, presque toutes calcaires, inclinent au N.-N.-E., et par conséquent se relèvent contre le Val d’Arno. Cette opinion reçoit un nouveau degré de probabilité, si l’on considère que les cailloux roulés dans la plaine d’Arezio, sont déposés en face du débouché de la vallée du Casentino et dans le reste du val d’Arno, que les plus abondans et les plus volumineux se trouvent sur le pied de la chaîne de Vallombrosa.

Ces matériaux étant provenus des chaînes du Nord, on ne peut admettre que leur trituration se soit faite dans le trajet de ces chaînes au val d’Arno, vu que ce trajet est beaucoup trop court pour qu’une masse aussi puissante que celle de ce terrain meuble ait été réduite à cet état de trituration par un simple transport. Il a donc fallu un ensemble de causes beaucoup plus puissantes qu’un simple transport, et un laps de temps plus considérable, pour opérer cette trituration telle que nous la voyons actuellement.

Mais dans quelles circonstances ces matériaux, débris des chaînes secondaires, auront-ils été triturés ainsi ?

Deux hypothèses se présentent pour expliquer la formation de ce terrain meuble, comme l’a fort bien remarqué M. Brocchi dans sa Conchyliologie subapennine (tome Ier, pages 136 et 168).

La première est que le val d’Arno supérieur a été un golfe dont les chaînes du Casentino et de Vallombrosa ont formé les bords.

La seconde, que ce val a formé jadis un grand lac. Dans ces deux cas, la masse d’eau, battant alors en brèche les flancs des chaînes secondaires déjà disloqués par les secousses et soulèvemens qui avaient produit l’inclinaison des couches, aurait, par son mouvement puissant et continuel, réduit tous ces débris en galets et en sables, qu’elle aurait ensuite abandonnés sur le pied de ces chaînes secondaires, lorsque son niveau est venu à s’abaisser soit naturellement soit par l’ouverture du défilé de Regnano.