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et l’on avait déjà commencé à excaver par-dessous pour la détacher de la couche sous-jacente. Elle a trente et un pas de long sur douze pieds d’épaisseur et de hauteur ; au reste il y a au temple trois ou quatre pierres qui ne lui cèdent guère en grandeur. On rencontre des variétés d’une texture plus fine que celle-là ; elles ont presque l’air de marbre blanc ; seulement la cassure irrégulière et esquilleuse, des fissures nombreuses, et la manière dont elles se délitent par l’action du temps, indiquent leur nature fragmentaire. Dans les carrières de Baalbec, les couches sont inclinées comme le flanc de l’Anti-Liban, c’est-à-dire de l’E.-S.-E. à l’O.-N.-O. sous un angle de 15° environ, ce qui indique le commencement d’un nouvel ordre de choses. Je suis persuadé que le même système de roches que l’on trouve dans le Liban se retrouve dans l’Anti-Liban. La couleur, la forme des montagnes, et le peu que j’ai vu de leur base ne m’en laissent aucun doute.

De Baalbec à Zahlé on traverse obliquement la plaine de Bequâa, en marchant presque toujours sur le calcaire n° 8. Zahlé est situé sur des couches, fortement inclinées de l’O. à l’E., de calcaire blanc argileux se délitant en morceaux ; je l’ai regardé comme analogue au n° 7 de la fig. 5. Au-dessous on voit diverses couches de calcaire fragmentaire. Dans toute cette partie il y a pour moi beaucoup de confusion, jusqu’à ce qu’ayant repassé la chaîne entre le Sannine et Djebel el Keniset, on se retrouve sur le terrain sablonneux. Avant ce lieu la stratification est très confuse, peu apparente, et je n’ai rien vu qui pût me servir de point de reconnaissance. Je ferai observer que, dans la fig. 5, j’ai fait passer le tracé de ma route, en revenant de Zahlé, sur le sommet du Sannine ; mais cela n’est pas exact. On passe dans une gorge entre Djebel el Keniset et le Sannine, beaucoup inférieur à cette dernière montagne. Son sol est formé par le terrain sablonneux sans que j’aie pu voir la stratification : elle est horizontale dans quelques parties, mais cela varie.

Aussitôt qu’on parvient sur le versant occidental de la chaîne, on trouve le terrain sablonneux, et on ne le quitte plus pendant long-temps, si ce n’est lorsqu’on traverse une profonde vallée qui coule du nord au sud ; on passe alors sur le calcaire inférieur au sable, mais en remontant de l’autre côté on se retrouve sur celui-ci. Partout la superposition du terrain sablonneux au calcaire est évidente, quoique le niveau de celui-ci soit très inégal. Partout aussi on voit le terrain du calcaire jaune supérieur aux sables, et de temps en temps on trouve des lambeaux de la couche calcaire qui leur est interposée.

Le terrain sablonneux, au lieu de s’interrompre comme sur la rive droite de Nahr el Kelb, continue tout le long de la rive gauche, mais j’ignore comment il se comporte vers l’embouchure ; il se continue aussi sur toutes les crêtes qui descendent de Djebel el Keniset. Dans beaucoup d’endroits il contient des lits d’argile ferrugineuse, comme au Mazra.