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l’est, et elles contiennent des lits de silex. Je crois qu’elles manquent à l’embouchure de Nahr el Kelb, mais elles se retrouvent à la pointe de Beirout. De ces couches argileuses on passe sur un nouveau terrain de calcaire à silex, qui leur est probablement supérieur ; il continue jusqu’à Nahr Ibrahim, où il offre une disposition remarquable. Là les couches calcaires sont minces, nombreuses, parallèles, épaisses d’environ trois pouces ; elles sont séparées par des lits de silex d’un pouce d’épaisseur, qui d’espace en espace se joignent par des cloisons irrégulières, ce qui donne à la masse, quand on en voit une tranche, l’aspect d’une muraille de briques blanches à ciment rougeâtre. Inclinaison, 45° de l’E. À l’O.

À la pointe nord de la baie de Djouni, on trouve, dans des anfractuosités et des fentes, des couches de petites masses de poudingues grains arrondis.

Au-dessus de l’embouchure de Nahr Ibrahim, le terrain prend une ressemblance frappante avec celui qui forme le sommet du Sannine. Il contient des nodules de silex, tantôt blanc rosé, tantôt noir ; les cailloux, débris de ce terrain, offrent, comme au Sannine, la particularité de sembler être traversés par un morceau de pierre blanche. La couleur, la dureté, sont les mêmes dans les calcaires des deux endroits. Ici le calcaire ne devient plus gris par son exposition à l’air ; il conserve une couleur blanche un peu jaunâtre ; cependant j’ai vainement cherché des oursins dans cette localité ; peut-être n’ai-je pas rencontré la couche où ils se trouvent ; on a vu qu’au Sannine ils ne se rencontrent que dans un endroit limité. Du reste j’ai observé des couches de calcaire dur, caverneux, à surface rude, en tout semblable à celui qui au Sannine alterne avec le calcaire blanc.

C’est donc là le terrain du sommet du Sannine, terrain qui manque à Antoura, mais qui, se trouvant ici géologiquement supérieur aux derniers terrains de l’embouchure de Nahr el Kelb, a bien la position nécessaire pour confirmer le rapprochement que j’ai fait entre le sommet de la montagne et sa base. En avançant vers Djibaïl, on rencontre des couches encore plus superficielles dans l’ordre géologique. Ce sont des calcaires entièrement semblables à ceux d’Antoura. Cependant je crois me rappeler qu’ils ne contiennent pas de silex. La stratification est toujours inclinée, à peu près comme le penchant de la montagne. De temps en temps on rencontre des poudingues irrégulièrement déposés.

Djibaïl est placé sur le terrain supérieur à celui du sommet du Sannine. Depuis cette ville, on distingue par la couleur que c’est ce dépôt qui forme la première rangée de montagnes s’élevant derrière elle.

De Djibaïl pour aller à Hakel, village auprès duquel se trouve le gîte le plus connu des poissons fossiles, la route court à peu près vers l’E.-N.-E. et presque toujours sur le terrain qui forme le sommet du Sannine. Les couches sont inclinées de 15 ou 20 degrés, plongent de l’E. À l’O., et dans quelques endroits du S.-E. au N.-O. on y trouve des alternatives de calcaire plus dur, à lits et morceaux de silex ; et si je ne me trompe pas, j’y ai vu des nérinées semblables à celles de Bekeurky. Les couches étant peu inclinées dans cet endroit, on marche