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Le sommet du Sannine, vu de l’O., parait formé de deux pointes, dont celle du S. semble un peu plus élevée que l’autre. Celle du N. se continue avec la chaîne du Liban, celle du S. avec Djebel el Keniset. De sa base partent plusieurs coupures ou vallées profondes qui vont généralement aboutir à la mer en se dirigeant vers l’O. ou l’O.-S.-O. Ce sommet est formé par de hautes collines à pente très raide et à cimes arrondies, sans plateau à leur sommet. Elles sont formées de plusieurs couches calcaires plus ou moins tendres, plus ou moins friables, dont les débris couvrent les pentes escarpées et empêchent souvent de distinguer le sol véritablement en place. Les débris de ces couches ont un caractère assez remarquable, c’est que tous les cailloux qui en résultant sont formés de deux morceaux de calcaire, l’un blanc et l’autre jaune, dont l’un a l’air de traverser l’autre.

La roche qui forme le sommet est en général d’une blancheur éclatante. La stratification, à quelques exceptions près, est presque horizontale ; mais à mesure que l’on descend, elle s’incline de plus en plus en sens contraire de celle du bord de la mer ; elle plonge du S.-O. au N.-E.

Voici la succession des couches telle qu’on la remarque en allant de haut en bas[1].

1° Des couches de calcaires magnésiens, dures, grisâtres, peu épaisses, criblées de trous et semblant ruinées par la pluie ; quelques vestiges de coquilles que je crois être des gryphées. Dans quelques points le calcaire prend une couleur rose traversée par des lignes de cristaux blancs. Au-dessous de ces couches s’en trouvent quelques autres feuilletées.

2° Un calcaire très dur contenant de nombreuses coquilles dont la plupart sont des gryphées d’une espèce intermédiaire entre celle du Salève et la gryphée virgule. Il y a aussi des trigones, des huîtres crêtées, des placunes, des échinites (une espèce très voisine de celle du Salève), des polypiers, des coquilles univalves turbinées, d’énormes strombes, des nérinées.

3° Un calcaire blanc jaunâtre, contenant des cailloux irréguliers de silex et de nombreux oursins. Il se subdivise en lits peu épais qui se décomposent en débris ; autant que j’ai pu le voir, la stratification est presque horizontale. À cette hauteur on rencontre des boules de carbonate de chaux à surface bosselée, et offrant des cristaux dans l’intérieur.

4" Un calcaire gris à débris de coquilles, en bancs peu épais.

5° Un calcaire blanc paraissant un peu argileux, formé de bancs peu épais qui se délitent facilement.

6° Immédiatement au-dessous du précédent se trouve un banc de calcaire blanchâtre très dur, contenant des nodules à couches concentriques peu distinctes, que leur dureté m’a fait penser être siliceux ; la stratification la plonge

  1. Voyez planche XII, figure 2.