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par conséquent leur direction est presque parallèle à celle de la montagne et leur inclinaison l’est aussi à sa pente. Cette disposition n’est pas accidentelle et bornée seulement à un petit canton. Aussi loin que la vue peut s’étendre sur la chaîne, on voit partout où l’on peut distinguer les couches, qu’elles affectent la même disposition. Dans quelques points, les couches, d’abord inclinées d’environ 45°, deviennent verticales à mesure qu’elles montent, et finissent même par se recourber en sens contraire, au sommet de la montagne. Cette forte inclinaison de la stratification facilité l’étude du terrain, parce qu’en suivant le fond d’un torrent comme celui de Nahr el Kelb, qui coule dans une profonde coupure perpendiculaire à la direction de la chaîne, on peut voir les différentes couches se succéder les unes aux autres. Cette inclinaison donne aussi aux montagnes une forme particulière. Les pentes orientales sont toujours beaucoup plus escarpées et sont formées par les têtes des couches rompues et brisées, tandis que les pentes opposées sont plus douces, plus unies et formées souvent par une couche calcaire non interrompue, semblable à un immense plan incliné sur lequel il est souvent difficile, ou même impossible, de marcher. Dans plusieurs endroits, les couches les plus dures sortent du terrain comme des murailles, que l’on voit se prolonger au loin, soit sur le flanc de la montagne, soit sur son sommet.

Les couches que je vais décrire ont été étudiées dans la vallée où coule le fleuve du Chien. Sa direction est à peu près de l’E. À l’O., et par conséquent perpendiculaire à la chaîne ; je ne prétends pas, au reste, qu’il n’y ait pas quelques lacunes. Souvent, dans un long espace, je ne trouvais aucune couche distincte, et souvent aussi les mêmes couches reparaissant, j’ai cru inutile d’en prendre de nouveaux échantillons, me contentant de remarquer ces répétitions. Je n’ai pas négligé de vérifier l’ordre des couches lorsque je l’ai trouvé praticable.

En remontant de la mer, et par conséquent en allant des couches les plus superficielles aux plus profondes, voici ce que l’on trouve le long du Nahr el Kelb[1].

N° 1. Le fleuve du Chien arrive à la mer entre de hautes collines calcaires sans stratification bien distincte. Il m’a semblé cependant que les couches étaient ou horizontales ou plongeant un peu de l’O. À l’E, en sens contraire de la stratification du reste de la montagne ; mais cette disposition, probablement accidentelle, ne tarde pas à changer. Le calcaire est compacte, blanc-jaunâtre dans l’intérieur, gris à la surface qui est exposée à l’air, dur, à cassure semi-conchoïdale, susceptible d’une sorte de poli. Je n’ai pu y voir de traces de pétrification. L’épaisseur de ce banc calcaire est fort considérable ; il se continue le même pendant une centaine de toises[2].

  1. Voyez planche XII, fig. 1. Les numéros correspondent à une suite d’échantillons envoyés par l’auteur à la société géologique.
  2. À l’embouchure du fleuve du Chien, l’auteur a trouvé du calcaire compacte à petites porosités et à peignes. (A. B.)