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de temps, et leur position, qui n’est pas très loin d’être superficielle, me font pencher pour l’opinion que ces ossemens ne sont pas fossiles et qu’ils ont été entraînés dans ces fentes à une époque qui n’est pas très éloignée. J’ai retrouvé aussi au milieu des bancs de gypse spathique des nids remplis de gypse pulvérulent, ou en toutes petites lames blanches désagrégées. Le gypse de Stradella est fétide, et, selon ce que m’ont assuré les ouvriers, des gouttes de pétrole suintent du calcaire marneux qui l’accompagne. La hauteur de la carrière de Montescano est à sa partie inférieure de 160 mètres à peu près au-dessus de la mer ; la colline de Pregana, non loin de Montescano, où l’on voit les sables qui surmontent le gypse, arrive presqu’à la hauteur de 315 à 320 mètres au-dessus de la Méditerranée.

Quoiqu’on ne puisse pas voir à Stradella sur quelles roches repose immédiatement le gypse, cependant il est très probable qu’il succède ici comme dans le Tortonois, aux marnes bleues subapennines, ou qu’il est lié à un ensemble considérable de couches de marnes de différentes couleurs et de calcaires marneux. L’on ne trouve pas, à la vérité, de restes organiques dans ces dernières roches, mais elles ont l’air d’être enclavées dans la grande formation des marnes bleues, dont elles diminuent quelquefois l’étendue en augmentant de puissance, comme dans les cantons entre Stradella et Canavino vers Zavatarello, tandis qu’à Tortone ces calcaires marneux et marnes verdâtres ne forment qu’une bien petite partie des collines tertiaires des environs. Il est au reste difficile, du côté de Zavatarello, de tracer la limite précise du calcaire secondaire et du calcaire tertiaire, puisque ce dernier, avec les marnes, présente plusieurs ressemblances avec le calcaire à fucoïdes. Pour qu’il ne reste cependant aucun doute sur l’époque tertiaire du gypse de Stradella, j’ajouterai que l’amas de gypse de Mairano près de Casteggio, qui lie l’amas de Montescano à ceux du Voghérois et du Tortonois, se trouve évidemment entre la marne bleue et les sables supérieurs. Intérieurement à la masse gypseuse, on voit sourdre de la marne bleue coquillière une source d’eau froide, qui dégage une quantité considérable d’hydrogène sulfuré.

Je terminerai cette notice en donnant l’indication des différentes localités où se trouve, dans les collines subapennines du Tortonois et du Voghérois, la formation gypseuse que je viens de décrire : on commence d’abord à en trouver des traces dans le territoire d’Acqui, vers Alexandrie ; à Alice et Monte-Rochero ; cette formation continue dans les collines au sud de Novi vers Montaldeo et passe ensuite dans le Tortonois à Santa-Agata, Costa, Paderna, et de là dans le Voghérois à Godiasco, Garlasseu, Torricella, Mairano, Montescano et Monte-Beccaria ; elle se montre encore dans le Plaisantin, à Vignoleno et Salso, pour se prolonger même au-delà vers le pays de Reggio. Ce gypse, qui a un aspect partout presque uniforme, ne constitue pas un banc continu, mais une suite d’amas alignés et situés souvent à une distance à peu près égale de la limite