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tionnaire, cette manie du changement des noms de rues ainsi inaugurée dès le début ; je n’ai pas à en donner ici le tableau que l’on trouvera dans l’Almanach indicatif des rues de Paris suivant leurs nouvelles dénominations (Paris, an III). Il nous suffit de constater qu’à dater de 1792 toutes les dénominations royales, princières ou religieuses furent remplacées par des dénominations nationales, philosophiques ou d’actualité, que les vieux saints perdirent leurs titres et que les nouveaux saints furent intronisés à l’avenir sur les plaques municipales, au risque de commettre d’ineptes jeux de mots comme Mont-Marat pour Montmartre.


RÉVISION DE L’AN IX. ÉPOQUE IMPÉRIALE.


Un arrêté de M. Frochot, préfet de la Seine, daté du 12 brumaire an IX (3 novembre 1800), prescrivait de dresser l’état général des noms de rues changés ou conservés depuis 1789, afin d’opérer à nouveau l’inscription des noms qui seraient définitivement adoptés. Cette révision générale laissa subsister peu de noms politiques et s’attacha à leur substituer des noms de victoires et d’officiers morts glorieusement au champ d’honneur. Le nom de l’empereur seul, sous les deux formes Bonaparte et Napoléon, fut quelque peu prodigué dans cette nouvelle nomenclature, qui eut le tort de ne tenir aucun compte des anciens souvenirs du terroir, pour la dénomination des voies nouvelles ouvertes alors dans le cœur même de l’ancien Paris.


RÉACTION DE LA RESTAURATION.


L’un des grands soins du gouvernement de la Restauration fut d’effacer l’empreinte impériale ainsi imposée au plan de la capitale. Cinquante noms furent modifies par une ordonnance royale de 1815 (voir Nomenclature des rues de Paris, par M. Maire, juin 1816), la plupart ne sont qu’un retour aux dénominations primitives changées par la Révolution et une satisfaction donnée aux alliés par la suppression des noms d’Austerlitz, d’Iéna et de Marengo. Parmi les personnages dépossédés, je ne vois guère, outre l’empereur, que Cerutti (rue d’Artois, aujourd’hui rue Laffitte), Helvetius (rue Sainte-Anne), Hoche (rue Beaujolais), Mably (rue d’Enghien), Marceau (rue de Rohan) et Turenne (aujourd’hui réinstallé).