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DESCRIPTION DE PARIS

la Vierge. G)rrozet donne la date et le nom du fondateur avec un grand nombre d’épitaphes *,

L’église est immense mais très obscure. Il y a deux tours que Corrozet vante, je ne sais pourquoi ; il fiait là preuve de bien mauvais goût, en même temps que de pani pris d’adulation envers son pays, car elles ne sont pas très grosses et leur hauteur est médiocre. En entrant, on trouve une statue colossale de saint Christophe’ ; elle est tellement énorme qu’Érasme a dit avec raison que ce n’est pas la statue d’un homme, mais d’une mon- tagne. Les hommes en sont arrivés à un tel degré de folie qu^ils ne craignent pas de mêler les fiables profanes aux choses saintes. Le Christophe qui porta sur ses épaules le Christ, créateur de l’Univers, qui servit les souverains maîtres du monde et les démons appartient à la mythologie et non à l’histoire.

L^homme, avec son orgueil démesuré, manifeste Pinquiétude de son âme par des recherches inconvenantes ; il veut atteindre les sommets les plus élevés du monde et place le monument du bonheur dans une gloire fragile, et il en arrive à penser qu’il est grand de servir le diable. Si la grâce divine l’édaire et lui montre son erreur, son aveuglement et sa chute finale, il veut atteindre Dieu, que le premier innocent venu connaît à peine par la foi véritable, et, jusqu’à ce qu’une lumière plus grande Téclaire, il porte dans son sein même Jésus-Christ, au milieu de la mer de ce monde remplie de périls. L^âme est bien l’esclave du corps ; le nom de Christophe le fait bien voir :

Félix quem tristi traxit de tramite ChrtstuSj Ut noscat cœli Christophorus dominum.

Sur le dallage en marbre de l’église est une pierre tombale de i8 pieds de long sur 2 et 1/2 de large. La légende veut qu’eUe représente la taille du chanoine qui est enterré dessous ; c^est à peine croyable, il est vrai, que dans le déambulatoire du chœur on a noté la longueur de son pas et de ses pieds, son pied a la longueur du mien, plus six doigts, son pas mesure treize pieds. (Dessin d’une tombe, au bas une figure en bleu^ qui semble représenter une tour ou un château ^ avec cette épitaphe : ) Nobilis vir magister Petrus de ChasteauperSj hujus insignis ecclesiae canonicus.,

t. Corrozet, op, cit.y éd. i386, fol. 5^ et suiv.

2, Sur sa deetruction, voir une communication de M. P«Lacoml9e, (Btctf.



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