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MÉMOIRES DE MADAME DE BOIGNE

bition de notre ambassadeur, le comte Bresson, très désireux d’attacher son nom à cette alliance, à lui mettre tout à coup le parti à la main et à déclarer que si, à un jour très prochain fixé par elle, la France n’avait pas accepté le mariage de la reine Isabelle avec le fils de dom François de Paule et celui de l’infante avec le duc de Montpensier, elle se jetterait dans le camp anglais et marierait la Reine au Cobourg, candidat du cabinet britannique, mis en avant par lord Palmerston, en dépit de l’engagement pris avec le cabinet des Tuileries de n’en désigner aucun.

Le duc de Glücksberg fut expédié avec cet ultimatum. Le Roi parut fort troublé, fort incertain. Monsieur Guizot eut l’honneur de le décider, malgré la résistance très positive de la Reine.

Elle trouvait, d’une part, que c’était manquer aux engagements personnellement pris par le Roi, dans ce même château d’Eu, vis-à-vis de la reine Victoria, et, de l’autre, je crois, elle craignait de voir troubler son intérieur par une princesse espagnole, élevée dans les désordres du palais de Madrid et sous l’influence de la reine Christine.

On fit tomber la première objection, en disant que le cabinet anglais, en présentant le prince de Cobourg, avait manqué aux engagements pris avec la reine d’Angleterre. Quant à la seconde objection, elle ne se trouva nullement justifiée.

Madame la duchesse de Montpensier s’est montrée de tout point une princesse accomplie, et bien tendrement dévouée à la reine Marie-Amélie. J’ai lieu de croire aussi que les désirs très prononcés de monsieur le duc de Montpensier ne laissèrent pas que d’avoir influence sur le Roi et sur madame Adélaïde, dont il était l’enfant chéri, et sur lesquels il exerçait un grand pouvoir.