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MÉMOIRES DE MADAME DE BOIGNE

quelques délations subalternes, auxquelles monsieur Mérilhou, pour faire sa cour, affecta d’attacher une certaine importance. Madame Adélaïde écrivit au chancelier pour lui demander de recevoir madame de Marmier.

Monsieur Pasquier n’était pas homme à se laisser influencer en pareille matière. Il vit madame de Marmier, examina ses dénonciations, interrogea les témoins qu’elle mettait en avant, et déclara fort hautement que tout cela ne pesait pas un fétu et ne méritait pas d’entrer au procès.

Lecomte, homme solitaire et atrabilaire, n’avait obéi qu’à ses propres impulsions poussées jusqu’à la frénésie par des promesses fallacieuses que lui avait fort inconsidérément faites le général de Rumigny, aide de camp du Roi.

Il s’était cru trompé, et la colère seule avait provoqué son abominable crime. Le Roi le reconnut très facilement, et monsieur Mérilhou, mis au pied du mur, fut bien forcé d’en convenir.

Toutefois, madame Adélaïde, aigrie et affaiblie par la souffrance, sut assez mauvais gré au chancelier de cette décision, et lui témoigna du mécontentement. Toute la famille royale lui battit un peu froid ; mais il était fort au dessus de ces vétilleries de Cour qui, au reste, ne laissèrent pas de traces, et il conduisit le procès avec autant de justice et d’impartialité que les précédents.

Il eut l’ennui d’en instruire un autre peu de temps après ; mais celui-là n’avait rien de grave. Un certain monsieur Henri, voulant se procurer un brin d’illustration, avait tiré sur le Roi un pistolet chargé à poudre, au milieu de la foule qui encombrait le jardin des Tuileries, le jour de la Saint-Louis. Ce procès se prépara et se jugea fort promptement ; il ne retarda pas le départ du chancelier pour Trouville,