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MÉMOIRES DE MADAME DE BOIGNE

veille ; elles m’ont engagée à passer la soirée chez elles ce soir. Les commentaires sont inutiles ; ils ne seraient pas en faveur du monde et de ses pompes. — Adieu, mes bons amis, mes seuls amis ; mille amitiés au bon abbé.



Bognor, vendredi 19 septembre 1800.

Quelle générosité, en effet ! cela a dû surprendre la clique ; ils ne sont guère capables de sentir la noblesse d’une pareille action. — L’accident arrivé à notre pauvre amie est bien extraordinaire ; je ne comprends pas ce que ce peut être. Combien il est vrai que, quand la machine est dérangée, tout prend une tournure sérieuse. Je n’avais jamais entendu parler de ce genre de maladie ; mais il me semble que, tout au moins, cela annonce que le sang est en bien mauvais état. Donnez-moi régulièrement de ses nouvelles ; vous savez à quel point tout ce qui la regarde m’intéresse. — Pourquoi Mrs Vial a-t-elle changé de nom ? il n’est pas si fameux qu’elle craigne de ne pouvoir pas conserver l’incognito ; cela me paraît porter une teinte furieusement romanesque : Clairemont aussi c’est un nom d’héroïne ; j’aimerais mieux qu’elle s’en fût tenue à celui qu’elle portait avant ; au surplus, peu importe. Je voudrais pour beaucoup pouvoir lui être bonne à quelque chose, mais je ne vois aucune probabilité de réussir. Vous lui aurez sûrement dit tout ce qu’il fallait pour moi ; ainsi, je ne vous charge d’aucune commission. — Je ne vois pas pourquoi, mon cher papa, tout resterait in statu quo. Lorsque j’ai annoncé mes intentions, monsieur de B. n’y était pour rien ; à son tour, il a proposé d’ajouter 70 livres ; il les a augmentées jusqu’à cent ; ainsi, en retirant les 30, je ne change rien aux