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MÉMOIRES DE MADAME DE BOIGNE

chester et que c’est une opération assez longue avec les mêmes chevaux. Un détail de la journée d’hier serait aussi fastidieux peut-être que la journée même. En addition aux autres vulgars, nous possédions madame Farrel qui a comblé la mesure. Je n’ai pas encore assez d’usage du monde pour être à mon aise dans une pareille société, et je souhaite que l’habitude ne me le donne pas, car je ne connais rien qui m’attriste comme cela. — Je recevrai aujourd’hui la réponse à ma lettre affamata que je me reproche beaucoup, car elle n’a dû servir qu’à vous tourmenter. En attendant la poste, je vais m’habiller et je finirai après. — La voilà. Rien ne m’étonne : l’envie, la méchanceté, la jalousie de vertus qu’on ne saurait imiter me font trouver tout cela fort simple. — Ah, mon Dieu, quelle funeste expérience à dix-neuf ans ! Adieu, mes bons amis ; monsieur de Boigne m’attend. J’écrirai plus longuement demain.



Hothampton Crescent, jeudi 13 septembre 1800.

Je suis fâchée qu’on nous ait expédié madame M. : à l’impossible nul n’est tenu, et, comme je ne vois pas que nous puissions rien faire pour elle, il faut nous en tenir à notre bonne intention ; il n’y a rien de si difficile que de procurer une place du genre qu’elle demande. Les candidats sont si nombreux et il est si rare qu’on ne connaisse pas soi-même quelqu’un qu’on aime mieux avoir auprès de soi qu’une étrangère. La visite de lady Templetown, je vais vous l’expliquer : lady Elisabeth Foster aura mandé à sa belle-sœur, lady Hervey, que j’étais ici, et cela aura rappelé à la famille notre existence. Ce n’est pas la première fois que nous voyons