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MÉMOIRES DE MADAME DE BOIGNE

de bal à Bognor ; il n’est pas question de notre départ. Je ne sais pas quand je pourrai me jeter dans vos bras.



Hothampton Crescent, jeudi 4 septembre 1800.

Nous avons été jusqu’à Chichester à cheval. Monsieur de Boigne s’est beaucoup plaint de la chaleur et de la fatigue ; en rentrant, il n’a pas pu dîner, il a été se coucher vers huit heures et il s’est relevé. Je crois qu’il a eu un peu de fièvre. Ce matin, avant mon réveil, il est retourné à Chichester ; j’imagine que c’est pour consulter un médecin, car, dans tout Bognor, il n’existe pas même un apothicaire. — Que voulez-vous que je fasse vis-à-vis de la duchesse de Devonshire ? Je ne veux pas avoir l’air de me pousser sur elle ; d’ailleurs, elle part demain, je crois ; ainsi elle ne me serait pas d’une grande ressource. — Je vois beaucoup les North, mais je vous ai déjà dit tout cela, n’est-ce pas ? Le fait est que je me bêtifie chaque jour davantage. À propos, j’ai été hier chez ces Darell que je n’aime pas beaucoup : ils étaient sortis ; j’ai laissé ma carte, contente d’en être quitte à si bon marché, mais il faudra recommencer sûrement, car, après les avances qu’ils ont faites, ils n’en resteront sûrement pas là. Figurez-vous que le seul rapport qu’il y ait entre nous est que le général a dîné avec sir Lionel à une fête donnée par le propriétaire d’un vaisseau qu’on venait de lancer, il y a de cela près de trois ans, et il y avait trois ou quatre cents personnes à table. Il faut avouer que c’est une drôle de manière de faire connaissance. J’ai entendu dire l’autre jour à la library que lady Shaftesbury allait arriver : si cela est vrai, j’espère que nous ferons connaissance par les North qui la voient. Je