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CORRESPONDANCE

plaint d’avance ; c’est toujours aimable. Je ne vous ai point écrit hier, c’eût été inutile ; j’ai tenté la fortune en espérant qu’elle porterait mon épître du samedi à Brightelmstone. — Au nom du ciel, qu’est-ce que madame de Duras va faire en France ? Quelles réclamations a-t-elle à faire ? Enfin, je lui souhaite toute prospérité. Je n’imagine pas que le duc la suive ; emmène-t-elle ses enfants ? Madame de Th., la femme d’un gentilhomme de la chambre, rentrer !  ! Il me semble entendre madame de la Trémoïlle. Dans le fait, je ne vois pas trop ce que la jeune duchesse a à faire en France, si ce n’est de s’éloigner du Den où, sûrement, on lui envie le genre de bonheur domestique dont elle paraît jouir, quoiqu’il soit si éloigné du goût de ces dames. Qu’est-ce qu’un ambassadeur de Louis XVIII quand on fait la paix avec Buonaparte ? Cette charge, à moins que les événements ne changent grandement de face, ne sera qu’un ridicule et n’occasionnera que des déboires au malheureux qui la remplira. Voyez-vous le comte de Chastellux obligé de céder le pas à l’ambassadeur de la République et de supporter ses insolences ? Ce serait dur pour tout le monde, mais, pour le nouvel ambassadeur, ce sera mortel ; la rage l’étouffera. Voilà mon horoscope. — Qu’est-ce que cette lettre relative au grade de maréchal de camp ? Je ne savais pas que papa en attendît ni que… Mais, apparemment, je ne suis plus initiée dans les affaires. Quant à l’opération secrète et douloureuse, dont un grand babillard m’a fait part, ne supposant pas, il est vrai, mon ignorance totale, je vous en parlerai quand vous m’expliquerez ce qui en est. — Je ne suis pas fort étonnée que madame Lambert n’ait pas adopté le ton et les manières du cher époux : elles n’ont assurément rien de séduisant. Quelle sotte femme ! Je suis étonnée que monsieur Lambert lui ait permis d’assister au choix de