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CORRESPONDANCE

des affaires. Je crois que cet endroit me conviendra assez ; ce ne sont point des maisons séparées comme nous l’avait dit lady Clifford, mais des bowes plus ou moins considérables éparpillés dans un assez joli pays, fort boisé quoiqu’au bord de la mer. — Vous me dites, chère maman, que lady Spincer me recevra avec bonté : je n’en doute pas ; mais il y a dix à parier contre un que je ne la rencontrerai pas ; elle a probablement sa société et, comme moi je suis, ce me semble, destinée à la solitude, je ne me trouverai pas sur son chemin à moins que je n’aille chez elle, ce qui ne me ferait aucune espèce de plaisir. Il n’y a point de promenades publiques, point de rooms, rien ; et, maintenant que je vais m’établir plus out of the way, il y a moins de chances encore. — De la fenêtre où je vous écris, il y a une vue de mer charmante et qui, je trouve, est une ressource ; mais je vais m’en éloigner. J’ai écrit hier à papa ; demain il recevra une autre épître de moi. — Adieu, chère maman ; j’espère que vous n’avez pas oublié toutes les commissions que je vous ai laissées ; dites (c’est-à-dire répétez ; j’espère,) aux bons amis que je vous recommande à leurs soins, et combien je suis fâchée de ne les avoir vus ni l’un ni l’autre avant mon départ. Mille amitiés à ces chères petites filles. Je ne vous prie pas de parler de moi à l’abbé parce que je suis sûre que c’est inutile. N’est-ce pas mon bon abbé, que maman vous fatigue un peu quelquefois de ce sujet là ? À propos, ce pot de pâte que j’avais destiné à terminer sa course dans Queen Anne street, oublié dans le fond de la voiture, m’a suivi jusqu’ici. — Adieu, bonne et chère maman. Je vous embrasse comme je vous aime, vous savez que c’est beaucoup. Courli me charge de vous dire qu’elle est très bonne et très propre fille.