Page:Mémoires de la comtesse de Boigne Tome V 1923.djvu/269

Cette page a été validée par deux contributeurs.
266
MÉMOIRES DE MADAME DE BOIGNE

Adieu, chers amis ; je n’ai que le temps de vous presser sur un cœur tout à vous[1].



Yarmouth, vendredi 30 mai.

Quoique je ne sois assurément guère en état de tenir une plume, je veux, mes bons amis, vous parler de ma tendresse et de la joie que j’éprouve en pensant que je vous reverrai bientôt. Nous n’avons débarqué qu’hier à dix heures du soir, et je suis presque aussi malade ce matin que je l’ai été à bord : « Tout tourne, tout tourne au cabaret ». Le général ne veut pas partir avant dimanche ; ainsi, ne nous attendez que mardi : c’est un long délai pour mon cœur, mais monsieur de Boigne a mis tant de grâce dans son retour et l’état de ma santé l’autorise si bien que je ne peux pas lui en savoir mauvais gré. Nous irons dîner chez maman, mais probablement coucher dans Portland place. — Les Middleton ont dû déménager aujourd’hui. — J’ai passé la mer avec M. de Laborde qui m’a comblée de soins et de politesses au point de m’embarrasser, attendu que, vous le supposez bien, je les reçois froidement. — Je remercie mon frère de sa petite lettre. Je suis charmée que la boîte soit parvenue ; monsieur Gossler m’avait bien dit qu’il vous l’avait expédiée ; mais, comme c’était contrebande, il avait chargé le capitaine de la passer avec ses propres

  1. Quelques lettres manquent. — Sur la couverture du dossier constitué par la correspondance de sa fille, le marquis d’Osmond a écrit les indications suivantes : « Départ de Hambourg, sur l’Elbe, le 23 mai. Arrivée à Cuxhaven le 24. Départ du paquebot le 26 au matin. Arrivée à Yarmouth le 29 au soir. Retour à Londres le mardi 3 juin à quatre heures après midi, après une absence de sept mois moins neuf jours » (note des éditeurs).