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MÉMOIRES DE MADAME DE BOIGNE

semaines ou un mois, je ne profitasse pas de ses bontés, et cependant, dans ma situation, monsieur de B. étant absent, je ne pourrais point aller dans le monde. — Je craignais que le bon oncle me sût mauvais gré de mon départ ; mais, quand j’ai dit à mademoiselle de Mville mes intentions, elle les a fort approuvées et m’a même dit que monsieur de B. s’était beaucoup plaint à elle de ce que je ne le suivais pas et qu’il saurait avoir la même obligeance quand il serait question d’aller voir mes parents. Ce n’est pas que ce propos ait influé en rien sur mes dispositions. — Ne manquez pas, je vous prie, cher papa, de remercier mon oncle et mademoiselle de Morville de toutes les bontés qu’ils ont eues pour moi, car, malgré mon humeur et ma maussaderie, il faut que j’avoue qu’on a eu pour moi tous les soins imaginables et que je crois que c’est autant ma faute que celle des autres si je les ai trouvés désagréables. — Adieu, mes bien, bien bons amis. J’aurai sûrement des lettres jeudi, et, alors, nous partirons vendredi, ou peut-être samedi à cause de la sainteté du jour. Adieu pour aujourd’hui, mes excellents amis ; quand pourrai-je vous exprimer à quel point je vous aime ? mais je suis trop sûre de votre cœur pour croire que vous en doutiez. — Je voudrais bien savoir si vous approuvez mon voyage ; il me semble cependant que cela doit être, d’après toutes les conversations que nous avons eues ensemble.


Mercredi 9 avril.
(je me suis trompée sur la date pendant tout le mois)…

Il est toujours décidé que je pars, et je ne veux pas faire d’objection sur Innsbruck, parce que je veux être en route. Ma santé est détestable depuis que je suis ici. Je crois cependant que l’inquiétude que j’éprouve y a plus contribué que l’air humide de Munich qu’on en accuse,