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MÉMOIRES DE MADAME DE BOIGNE

été chez la comtesse de Lerchenfeld. Vous rappelez-vous, chère maman, un homme que nous voyions tous les jours à l’Opéra, que nous appelions « le grand suisse » et qui ressemblait à monsieur d’Anonville ? C’est le comte de Frauberg-Montjoie, frère de celui qui suit les princes d’Orléans ; il tient ici une des premières charges auprès de l’Électeur. Je l’ai rencontré (la première fois que j’y ai été) chez madame de Lerchenfeld ; il nous a fait mille politesses et je crois que c’est lui qui présentera monsieur de Boigne parce qu’il n’y a ici qu’un chargé d’affaires qui même n’est point reconnu pour tel par le gouvernement et qui est plutôt le représentant de monsieur Wickham que celui de la Nation : c’est lui-même qui a dit à monsieur de B. qu’il ne pouvait pas le présenter. — Vous avez vu, par mes lettres de Hambourg, que le paquet que vous avez reçu, j’espère, à l’heure qu’il est n’était point parti parce que l’Elbe ne s’était dégelé que jusqu’à Cuxhaven, et qu’il doit partir de Hambourg pour arriver à Londres où je ne doute pas qu’il arrive à bon port, car il est véritablement impossible de mettre plus de recherches, de soins, d’exactitude que ne l’a fait monsieur Gossler envers moi. C’est lui qui s’est chargé de l’envoi du bœuf, afin de ne le prendre que lorsqu’il le faudra et de la meilleure espèce ; j’espère qu’il aura réussi. — Demain je compte sur sept lettres au moins, mais ce ne seront point des réponses aux miennes. J’ai calculé que, puisque les dernières que j’avais reçues avant cet envoi étaient du 31 janvier, vous ne deviez pas en avoir de plus récentes que le 1er février, jusqu’au second dégel. — Adieu, mes bons amis ; je vous embrasse de tout mon cœur ainsi que mon Rainulphe. Mille amitiés à cette bonne madame O’Connell : ce m’est une vraie consolation de penser qu’elle est mieux.