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MÉMOIRES DE MADAME DE BOIGNE

est cette nièce de quatorze ans ? — Monsieur le duc de Berry est parti pour Naples. On dit qu’il sera vice-roi de Sicile et que sa future est jolie comme un ange ; je suppose que c’est madame Amélie. À propos des princes, on fait beaucoup de contes ici sur la réconciliation de la maison d’Orléans avec Monsieur ; j’imagine que vous me manderez ce qu’il y aura de vrai à ce sujet. On a dit monsieur le prince de Galles mort aussi, mais cela ne se confirme pas. Personne ne portant ici le deuil de madame Adélaïde, je me suis dispensée de le prendre ; je suppose que, par égard pour Monsieur, il aura eu lieu parmi les français, au moins à Londres. Milady Wallace, la sœur de la duchesse de Gordon dont le nom a trop fréquenté les newspapers pour ne pas vous être connu, est à Munich, et, chaque fois qu’elle me rencontre, ce qui n’est guère qu’à la promenade, elle me fait toutes les agaceries possibles : elle est fort bien reçue ici.

Je ne peux pas vous dire à quel point ce manque de lettres m’afflige. Je n’ai plus le courage de vous écrire ; je pense que tout mon jabotage ne vous arrivera que dans des siècles. — Je suppose que le paquet (j’espère que vous l’avez reçu à l’heure qu’il est) aura été composé de lettres beaucoup moins régulièrement partagées que les dernières. Les voyages que j’ai faits et pendant lesquels il m’a été impossible de calculer les jours des malles ont dû rendre notre correspondance [irrégulière], mais, grâce aux glaces, cela ne fait plus rien. — Monsieur Angelo a mandé à monsieur de Boigne que, probablement, Lessé avait vendu nos chevaux et qu’il en avait mangé l’argent, puisqu’il n’avait pas voulu lui dire où ils étaient. Je vous prie, cher papa, de vous informer de ce qu’ils sont devenus, mais sans dire à Lessé qu’il a mal fait de ne point rendre de compte à Angelo. — J’espère que, dans les lettres que j’attends, il y en aura une de Rainulphe