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MÉMOIRES DE MADAME DE BOIGNE

Munich, mercredi 19 mars.

J’ai passé une soirée assez agréable chez madame de Lerchenfeld, hier. Il y avait environ quinze personnes, et cela a été fort gai ; malheureusement pour moi, un monsieur Aguière est parmi les intimes et il n’est pas fort bien dans les papiers de mon oncle, ce qui me gêne beaucoup. Madame de Lerchenfeld m’a proposé de chanter. Après quelques difficultés, j’ai consenti à chanter le duo d’Afrida avec elle ; elle a une jolie petite voix qu’elle conduit sagement et avec goût. Elle s’attendait bien, à ce qu’il m’a paru, à emporter la palme. Le premier morceau de récitatif l’a étonnée, et, après la cavatina, elle avait l’air plus embarrassée que contente. Du reste, on m’a fait beaucoup de compliments qui se sont encore accrus après un autre duo que madame de Lerchenfeld m’a fait déchiffrer et dont je ne me suis pas mal tirée. Je suis restée chez elle jusqu’à minuit : voilà ma journée d’hier. Aujourd’hui, car je vous écris en rentrant chez moi, j’ai eu du monde à dîner, c’est-à-dire mon oncle et ses convives, monsieur et madame Moussin ; cette madame Moussin est la personne qui avait tant de bonté pour ce pauvre Martinville et à qui sa mère a écrit à ce sujet la lettre que vous savez. J’ai fait ce que j’ai pu pour être aimable, et…


Jeudi 20.

J’ai été interrompue hier au soir. Je n’ai pas un moment que je puisse regarder comme à moi. — Après le dîner donc, j’ai chantaillé pour mon oncle qui a eu l’air charmé, et, à cinq heures et demie, j’ai été retrouver madame de Lerchenfeld dans sa loge à l’Opéra qui m’a