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MÉMOIRES DE MADAME DE BOIGNE

à louer ; on dit que cette jeune allemande est fort aimable et très bonne musicienne ; je voudrais pour beaucoup me lier avec elle. — Adieu, mes bons amis. Il dégèle depuis hier.

Lundi 17.

Madame de Lerchenfeld a passé une heure chez moi hier et n’a pas démenti sa réputation.

Mardi 18.

Vous voyez qu’à peine je commençais ma lettre j’ai été interrompue. Il n’était cependant que onze heures du matin ; mais, depuis ce moment jusqu’à dix heures du soir, je n’ai pas eu un moment à moi. Cette obsession me tue. — Ici, on ne ferme pas sa porte et, d’ailleurs, la mode pour les français est d’entrer chez vous sans savoir si vous voulez les recevoir ou non, — Pour en revenir à nos moutons, madame de Lerchenfeld, dans sa visite de dimanche, m’a proposé d’aller à l’Opéra avec elle, ce que j’ai accepté ; mais elle n’a point proposé à monsieur de B. d’être de la partie et il s’est vu forcé de me laisser aller sans lui ; ce qui vous étonnera encore davantage, c’est qu’il n’a point témoigné la moindre humeur. Madame de Lerchenfeld est une femme de vingt-trois ans, fort liée avec l’Électrice et assez élégante ; son mari, de fort peu son aîné, ressemble à monsieur Matthews ; il est le reigning top de la ville mais paraît assez aimable. Le ménage a été excessivement poli pour moi. On m’apporte dans la minute un billet de madame de Lerchenfeld qui m’engage à aller passer la soirée chez elle ce soir. — J’ai mené mon oncle se promener hier ; il m’a paru fort instruit par le côté gauche. On lui a mandé que la bizarrerie de mon caractère, n’était comparable qu’à ma hauteur. Je lui ai raconté