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MÉMOIRES DE MADAME DE BOIGNE

majeur. Mademoiselle Alexandrine est bien aimable, mais il y a toujours une quantité de vieilles croix de Saint Louis déraisonnables et bavards comme à leur ordinaire. L’évêque a un portrait de maman que je convoite bien ; je n’ose pas le demander : je le trouve encore ressemblant. Monsieur de B. lui a donné une tabatière avec nos portraits, le mien est beaucoup plus ressemblant qu’il n’était, mais malheureusement, ce n’est pas lui qui a changé. — Monsieur de B. parle toujours d’aller voir sa famille ; je crois que j’irai à la cour : on dit que l’Électrice est charmante et, d’ailleurs, il faut aller chez elle ou nulle part, car elle est partout. J’irai aujourd’hui chez madame de Lerchenfeld pour qui la baronne de Bool m’a donné une lettre. Il n’y a point de ministre anglais. Monsieur Wickham est ici avec sa femme dont je n’ai jamais entendu parler. — Jusqu’à demain, adieu, chers.


Samedi 15.

J’ai lu avec indignation hier le sot pamphlet ou plutôt l’extrait du pamphlet de mons. Lucien Buonaparte. Quel amas d’insolences, de mensonges, de bêtises ! Il y dit de grandes vérités, dit-on ; assurément, elles ne sont pas nouvelles. Qui a jamais douté que la Grande-Bretagne et la France fussent des puissances rivales et qu’il fut de l’intérêt de l’une et de l’autre de s’abaisser jusqu’à un certain point ? — Ici, l’empereur Paul est la flamme du moment : tout ce qui appartient à l’armée de Condé en parle avec enthousiasme. — Nous sommes à l’auberge d’où je cherche à sortir le plus tôt possible parce que je n’ai absolument qu’une chambre pour manger, dormir, et recevoir. Monsieur de B. se voit forcé de se soumettre à cet arrangement qui, je crois, lui paraît extraordinaire. Il parle de rester ici un mois, mais je crois qu’il est