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CORRESPONDANCE

Monsieur de Boigne est allé chez le baron de Breteuil ; j’attends son retour pour faire une quantité de visites que je dois rendre avant de partir. — À propos, j’ai vu ici des portraits de Monniers qui sont charmants ; j’ai été bien tentée de faire faire le mien pour vous ; mais je n’étais pas assez riche ; sans cela, je le lui aurais fait ébaucher avant mon départ pour Munich et il l’aurait fini à mon retour. Une demi-hauteur coûte quarante louis ; c’est très bien peint, mais j’ai pensé que ma triste figure, qui, n’en déplaise à madame de Matignon, est devenue bien laide, ne valait pas cela ; cependant, mandez-moi si cela vous ferait plaisir et, peut-être, pourrais-je le faire faire en repassant ici où il faudra que nous revenions, parce que monsieur de B. y laisse beaucoup d’effets. — L’évêque de Châlons m’a demandé mes commissions pour l’Angleterre : je n’en ai pas à lui donner ; j’aime mieux écrire par la poste et mon paquet est trop gros pour que je l’en charge. D’ailleurs, comme il dit à qui veut l’entendre qu’il va retrouver son amie intime, mais très intime, madame de Rouhault, j’aime autant n’avoir rien de commun avec la clique ; j’ai lâché devant lui quelques phrases qui, j’espère bien, ne seront pas tombées à terre.


Mardi 25.

Je pars. Les voitures sont à la porte ; il gèle, et j’espère, nouveau Moïse, passer la rivière à sec. — Dans la visite faite au baron de B., hier, monsieur de Boigne s’est vu forcé de lui offrir ainsi qu’à madame de M. une place dans ma loge. La duchesse de M. est venue m’y faire une visite ; au reste, ces dames ont été fort aimables pour moi et, selon la résolution que j’avais prise de ne point repousser les avances, j’ai reçu les leurs avec beau-